A Annapolis, dans les locaux de la prestigieuse Académie navale américaine, va se jouer aujourd’hui une pièce en un acte mais qui réunit de nombreux acteurs.
L’hôte de la représentation s’appelle George Bush. Son objectif – à quatorze mois de la retraite : tenter en un jour de relancer un processus de paix dans l’impasse depuis de longs mois. Un scénario qui n’est pas, comme on s’en doute, sans comporter de nombreux rebondissements.
Sur la scène, deux protagonistes majeurs : le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, connus pour leur aisance à faire des monologues.
Enfin, en décor de fond, plusieurs dizaines de figurants parmi lesquels l’Arabie Saoudite ou la Syrie qui aura sans doute son mot à dire.
Pour le duo principal, tous les espoirs semblent permis, du moins disent-ils tout haut. « Nous ne voulons pas maintenir le statu quo », affirme Ehud Olmert. Pour Mahmoud Abbas, « produire des négociations sur le statut définitif (...) qui mèneraient à un accord de paix entre Israël et les Palestiniens » est jouable.
Au centre, George Bush fait figure d’arbitre et exhorte à de « difficiles compromis » pour la paix. Hier a eu lieu la grande répétition. L’Américain a reçu séparément le premier ministre israélien et le président palestinien avant de participer à un dîner en présence des différents protagonistes. Ultime représentation avant le lever de rideau officiel aujourd’hui, qui a permis de mettre en lumière les désaccords entre les acteurs. « Il reste du travail à faire et des efforts sont déployés mais jusqu’à présent nous ne sommes pas parvenus à un accord », a déclaré le négociateur palestinien, Ahmed Qoreï, à l’issue d’une rencontre avec la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni.
Autre rebondissement hier, cette fois-ci avec le camp arabe. « Je ne tendrai pas la main à quelqu’un qui n’est pas prêt à serrer celle du peuple d’Israël, mais je suis heureux qu’il soit là », a déclamé Ehud Olmert à l’attention du prince Saoud al Fayçal, chef de la diplomatie saoudienne.
24 heures avant la grande première, le scénario ne semblait pas entièrement finalisé.
Le déroulé de la pièce de ce jour prévoit pourtant que, si tout se passe bien, elle donnerait le coup d’envoi aux premières négociations de paix formelles depuis sept ans, pour régler un conflit vieux de près de soixante ans et parvenir à terme à la création d’un Etat palestinien indépendant coexistant pacifiquement avec son voisin israélien.
L’auteur de la pièce, l’hôte américain, promet quatre conclusions : le lancement de négociations bilatérales sur la création d’un État palestinien ; la mise en œuvre de la « feuille de route » adoptée en 2003, censée produire des bénéfices concrets à court terme ; un effort international pour aider les Palestiniens à rebâtir leurs institutions politiques et économiques ; et la nomination d’un « rapporteur » chargé de superviser les progrès et, au besoin, de dénoncer les manquements des parties.
Mais le scénario multiplie les didascalies et le jeu de scène d’aujourd’hui ne manquera pas d’être compliqué par plusieurs sujets conflictuels : la barrière de séparation et les barrages israéliens qui ont morcelé la Cisjordanie en îlots isolés, le statut de Jérusalem, le sort de plus de quatre millions de réfugiés palestiniens dispersés dans le monde, le sort des colonies juives dont les Palestiniens réclament le démantèlement et le partage des ressources d’eau. Dans le chœur, la Syrie, représentée à Annapolis par son vice-ministre des Affaires étrangères, pourra mettre son grain de sel, elle qui réclame la restitution du plateau du Golan occupé par Israël en 1967 et annexé en 1981.
