Serbie : L’indépendance du Kosovo déclenche une grave crise politique
Article du 10/03/2008
Moins d’un mois après l’indépendance du Kosovo, la Serbie traverse une grave crise.
Le Premier ministre nationaliste Vojislav Kostunica a dissous le gouvernement, reconnaissant qu’il ne pouvait plus diriger le pays avec des partenaires pro-européens après l’indépendance du Kosovo, proclamée le 17 février et rapidement reconnue par les Etats-Unis et les principaux pays de l’Union Européenne.
Vojislav Kostunica n’a pas attendu les législatives anticipées qu’il a lui même proposées pour le11 mai prochain en même temps qu'un scrutin municipal. Le gouvernement doit se réunir dans la journée pour préparer la décision sur la dissolution du parlement et la convocation de ces élections anticipées.
A la tête du pays, l’indépendance du Kosovo a rendu insurmontables les divergences entre le Parti démocratique (DS) du président Tadic, dominant au sein de la coalition gouvernementale et qui prône un rapprochement avec l’UE, et le Parti démocratique de Serbie (DSS) de Vojislav Kostunica. Pour ce dernier, l’UE, au même titre que les Etats-Unis, a été le principal instigateur de l’indépendance du Kosovo auquel il refuse de renoncer et qu’il considère, avec ses concitoyens, comme le berceau historique de la Serbie. De plus, il juge « illégale » la mission que Bruxelles s’apprête à envoyer pour prendre la relève de celle de l’ONU qui administre le Kosovo depuis la fin de la guerre de 1998-1999, appelant l’UE à y renoncer pour que Belgrade reprenne la voie européenne.
La Serbie est désormais entrée dans une période de paralysie politique, le gouvernement ne réglant que les affaires courantes dans l’attente des législatives. Jusque là, aucun accord ne pourra donc être signé avec Bruxelles qui a pourtant récemment appelé Belgrade à réaffirmer sa volonté d’intégration européenne. La Serbie a paraphé mais n’a pas encore signé l’Accord d’association et stabilisation, premier pas vers son adhésion à l’UE.
Aux législatives les Serbes seront de nouveau appelés à se prononcer pour ou contre l’UE même s’ils l’ont en quelque sorte déjà fait à la présidentielle de février en réélisant d’une courte tête le président Tadic face à l’ultranationaliste russophile, Tomislav Nikolic.
Depuis des années la Serbie est partagée entre pro-européens et nationalistes eurosceptiques et le prochain scrutin risque de confirmer la division du pays en deux blocs de force égale.
Vojislav Kostunica pourrait donc de nouveau se retrouver en position d’arbitre et décider en dernier ressort de l’orientation de son pays pour les années à venir. Sa tendance nationaliste est devenue prépondérante et une alliance avec les ultranationalistes du Parti radical de Serbie (SRS) de Tomislav Nikolic semble désormais probable.