Kosovo : le président serbe appelle l'ONU à rejeter une indépendance unilatérale
Article du 17/01/2008
Le président serbe Boris Tadic a appelé mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU à rejeter toute déclaration unilatérale d'indépendance de la part des Albanais du Kosovo, dont le Premier ministre a ensuite laissé entendre qu'elle ne tarderait pas.
Boris Tadic a rappelé au cours de son allocution que la résolution 1244, adoptée par le Conseil de sécurité en 1999, « garantit la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Serbie ». « C'est pourquoi j'en appelle à vous pour prévenir l'encouragement et l'adoption d'un acte unilatéral en faveur de l'indépendance du Kosovo », a-t-il poursuivi.
Mais le Premier ministre kosovar Hashim Thaci, qui a ensuite rencontré à huis-clos les ambassadeurs des membres du Conseil de sécurité, a déclaré à l'issue de cette réunion que les dirigeants albanais du Kosovo allaient « prendre une décision très rapidement », tout en promettant qu'un Kosovo indépendant garantirait « les mêmes opportunités à tous ses citoyens ». Hashim Thaci a déclaré que Boris Tadic et lui s'étaient serré la main « en tant que dirigeants de deux pays indépendants » et a assuré que le Kosovo « construirait de bonnes relations avec la Serbie ».
« Nous devons faire tous les efforts possibles pour résoudre les malentendus et les conflits dans notre partie de l'Europe de manière pacifique et uniquement par des accords, pas par des actions unilatérales », a averti Boris Tadic, qui intervenait dans le cadre d'un débat ouvert consacré aux activités de la Minuk, la Mission de l'ONU au Kosovo.
Il a appelé à renouveler les efforts afin de parvenir à « une solution mutuellement acceptable afin d'assurer (...) en conformité avec la résolution 1244, un gouvernement au fonctionnement largement autonome (qui) garantirait tous les droits des Albanais du Kosovo ». « Une telle solution est possible et réalisable », a déclaré Boris Tadic, promettant que Belgrade « ne recourra pas à la violence et à la guerre ».
La Serbie, soutenue par son alliée traditionnelle la Russie, est farouchement opposée à l'indépendance du Kosovo mais les Etats-Unis et la majorité des pays de l'Union européenne (UE) ont déclaré y être favorables.
L'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU Zalmay Khalilzad a déclaré à l'issue de la réunion de mercredi que le Conseil de sécurité était « toujours dans l'impasse » sur la question.
Il a salué l'engagement de Hashim Thaci à « vouloir représenter toutes les communautés du Kosovo » et a mis en garde la Serbie contre un recours à des pressions économiques sur la province.
Il a également appelé Belgrade à ne pas laisser la question du statut final du Kosovo affecter négativement les relations à long terme de la Serbie avec l'Europe et avec les Etats-Unis et estimé que la solution à terme pour les Balkans était « d'intégrer des institutions européennes plus larges, en particulier l'Union européenne ».
Mais l'ambassadeur russe Vitaly Tchourkine a indiqué clairement que si le Kosovo optait unilatéralement pour l'indépendance, il « ne pourrait pas devenir membre des Nations unies et d'autres institutions politiques », laissant clairement comprendre que Moscou y opposerait son veto.