France Bourse
Abonnez-vous

Ingrid Betancourt libre !

Article du 03/07/2008

Liberté ! Ingrid Betancourt rayonne. Après six ans et demi de détention, la franco-colombienne a renoué avec la liberté et va pouvoir retrouver les siens. C’est la fin du calvaire pour cette femme politique retenue prisonnière par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
« Merci à Dieu, merci à tous ceux qui nous ont accompagnés dans le monde, qui ont fait que nous soyons vivant », a déclaré la désormais ex-otage à son arrivée à l’aéroport de Bogota.
Les images montrent une femme soulagée et heureuse, visiblement en meilleure santé que ce qu’avaient fait craindre les rumeurs mais toutefois usée par des années de vie précaire dans la forêt colombienne. Souriante et vêtue d’un treillis militaire, ses longs cheveux noués sur la nuque, Ingrid Betancoutr s’est jetée à son arrivée sur le tarmac dans les bras de sa mère, Yolanda Pulecio, puis dans ceux de son mari, Juan Carlos Lecompte, avant de faire un signe de croix.

Sa sortie est le fait d’une opération de l’armée colombienne savamment menée dans la province du Guaviare, dans le sud-est du pays. Une « opération » « digne d’un film », a commenté le ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos.
On a appris par la suite que cette opération de sauvetage avait longuement été préparée par les autorités colombiennes. L’armée a « infiltré le premier cercle des Farc », a expliqué le commandant des forces militaires dans un discours public rendant hommage à l’armée. Comme les otages séquestrés étaient divisés en trois groupes, l’armée, invoquant grâce à ses agents infiltrés parmi les geôliers guérilleros un faux ordre d’Alfonso Cano, le nouveau chef des Farc, a obtenu que les otages soient regroupés « soi-disant toujours sur ordre de Cano » par leurs gardiens dans un lieu du sud du pays, selon le ministre. « Puis un hélicoptère qui, en réalité, appartenait à l’armée nationale et avait à son bord des membres des services secrets, a libéré les otages dans le lieu de regroupement », a-t-il précisé. « César », le chef des geôliers rebelles, et un autre guérillero qui se trouvaient dans l’hélicoptère, ont été immédiatement « neutralisés », a-t-il poursuivi. Le responsable colombien a ajouté qu’au cours de cette opération de libération « il n’y a pas eu un seul tir, pas un seul blessé ».
« Jamais nous n’avons improvisé », a déclaré dans un discours à la nation le président colombien Alvaro Uribe qui a salué « le travail magnifique des militaires ».
Outre cette planification, il existait également un « plan B », a détaillé le ministre de la Défense, qui consistait à encercler les Farc sans les combattre et à faire venir des organisations humanitaires pour négocier les libérations.

Ingrid Betancourt ne retrouve pas seule la liberté. Trois Américains et onze militaires colombiens, principalement des officiers détenus par la guérilla, ont également été libérés.
Les Américains Marc Gonsalves, Thomas Howes et Keith Stansell se sont envolés directement vers les Etats-Unis. Les trois otages américains, des sous-traitants recrutés par la département de la Défense, se trouvaient en mission de lutte contre la drogue à bord d’un avion du Commandement sud des Etats-Unis, qui avait dû se poser à la suite d’une défaillance mécanique dans une zone contrôlée par les Farc, le 13 février 2003. Ils avaient alors été capturés par les rebelles.
« Je remercie le président Uribe d’avoir pris ce risque, je sais que cela a du être un moment très difficile parce que l’opération était très risquée mais elle s’est déroulée de manière impeccable », a affirmé quelques heures après avoir recouvré la liberté Ingrid Betancourt.
Ce n’est pas la première fois que les autorités colombiennes tentaient une opération de sauvetage des otages détenus par les Farc.
La France avait également fait de la libération d’Ingrid Betancourt un engagement diplomatique ferme, réaffirmée depuis l’arrivée à la présidence de Nicolas Sarkozy. En juillet 2003, Paris avait envoyé un avion militaire pour récupérer Ingrid Bentacourt à la frontière entre le Brésil et la Colombie. Quelques jours plus tard, la mission humanitaire quitte le Brésil à la demande des autorités brésiliennes, irritées que la France ne les ait pas averties de cette opération.
Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, le dialogue avec les principaux acteurs de la région, notamment le chef d’Etat vénézuélien Hugo Chavez, s’accentue. Malgré les relations sont tendues entre lui et son homologue colombien. Et plusieurs ratés enveniment les relations au grand dam des otages et d’Ingrid Betancourt dont on dit la santé de plus en plus menacée.
En avril dernier, la France envoie un avion médicalisé en Colombie. Mais devant la fin de non-recevoir des Farc, engagées dans un bras de fer avec Alvaro Uribe, la mission est annulée au bout de quelques jours.

Le président qui venait « de s’entretenir longuement » avec son homologue colombien Alvaro Uribe, l’a remercié pour cette « opération militaire couronnée de succès ». Nicolas Sarkozy a appelé la guérilla des Farc à cesser « ce combat absurde et moyenâgeux ». Il a également réaffirmé que la France était prête à accueillir les membres des Farc acceptant de renoncer à la lutte armée.
A Ingrid Betancourt, Nicolas Sarkozy a adressé ses félicitations pour « son courage ».
Depuis Washington, W. Bush a appelé son homologue colombien pour le féliciter et le remercier, a annoncé la Maison Blanche. Parallèlement, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice s’est déclarée « contente » du succès de l’opération tout en appelant les FARC à libérer immédiatement le reste des otages.
A Caracas, le gouvernement vénézuélien d’Hugo Chavez s’est « réjoui » de la libération des otages et a demandé aux Farc de libérer toutes les personnes qu’elles détiennent encore.
A Madrid, le gouvernement a exprimé son « énorme satisfaction » à la suite de l’annonce de ces libérations.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a exprimé sa « joie ». « Je tiens à le féliciter pour tout son engagement qui a rendu possible ce moment. Et je félicite également le président de la Colombie, M. Uribe, en le remerciant de son action et celle de la Colombie ».
A l’ONU, dans un message transmis par sa porte parole, Ban Ki-Moon a exhorté les FARC à relâcher « immédiatement sans conditions » les autres otages et à amorcer le dialogue avec les autorités colombiennes afin de « mettre fin à la violence qui a touché la Colombie depuis si longtemps ».

Parmi les premières réactions des familles, Lorenzo Delloye, le fils d’Ingrid Betancourt, s’est exclamé en apprenant à Paris la nouvelle : « c’est une immense joie, une joie indescriptible. Je n’arrive pas à y croire. Je veux lui dire que je l’aime et qu’elle m’a manqué ».
« On manque de mots. On attend de serre maman dans nos bras »
, a déclaré Mélanie Delloye, la fille ainée d’Ingrid Betancourt, remerciant également Nicolas Sarkozy pour son combat depuis quelques mois. « Je voudrais avant tout remercier le président, parce que vraiment depuis qu’il a pris les choses en main, tout s’est enclenché, et aujourd’hui maman est là », a-t-elle dit. « Je voudrais bien entendu remercier les autorités colombiennes pour ce qui a eu lieu », a-t-elle ensuite déclaré, la voix nouée par l’émotion. « C’est le moment tant attendu. Avec toute ma famille, on manque de mots. On n’attend que le moment de serrer maman dans nos bras », a-t-elle ajouté. « Aujourd’hui maman est là (…) c’est comme si on sortait d’un mauvais rêve (…) Je pense à toutes ces années de combat, à tous les gens qui nous ont soutenu depuis le début. Mais nous n’oublions pas qu’il y a encore des otages qui sont dans la jungle, il ne faut pas les oublier, il faut continuer à combattre pour leur libération (…) Merci, merci vraiment, vous me permettez de commencer à vivre le plus beau moment de notre vie ».
Lorenzo a également salué le rôle du président. « Je voudrais d’abord remercier le président français Nicolas Sarkozy d’avoir vraiment fait tout son possible, et d’avoir réussi à arriver enfin à la libération de maman ». « Je pourrais remercier la terre entière », a-t-il ajouté. « Il y a eu beaucoup de solidarité dans ce combat. Nous avons gagné un combat pour la liberté. Je vais bientôt revoir ma mère, et c’est juste le meilleur moment de ma vie, alors merci à tous pour ce combat ».
Enfin, pour Astrid Betancourt, la sœur d’Ingrid, « c’est un moment extraordinaire. Je crois que je n’arrivais pas à y croire quand j’ai eu le ministre de la défense colombienne au téléphone. Je n’y croyais toujours pas quand j’ai appelé Lorenzo. Je veux dire que la France depuis le premier jour ne nous a pas lâché. Cela a été une force énorme. Maman est en ce moment sûrement en train d’accueillir Ingrid. Je voulais partager cela avec vous tous, toutes les personnes anonymes que nous ne connaissons pas qui ont porté Ingrid dans leur cœur. Je voudrais dire un immense merci mais aussi un message d’espoir pour la terre entière. Ingrid va rentrer et je sais qu’elle aura la force de ce qu'elle aura vécu là-bas ».
La famille d’Ingrid Betancourt a passé une partie de la soirée à l’Elysée avec Nicolas Sarkozy. Ses deux enfants, Lorenzo et Mélanie, et sa sœur, Astrid Betancourt, se sont envolés dans la nuit pour Bogota en compagnie du Ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner.
De son côté, le père de Lorenzo et Mélanie, Fabrice Delloye, a remercié sur RTL que « le rôle joué par la France ».

Parmi la classe politique française, la joie est unanime tout comme l’est le sentiment qu’il ne faut pas faire de cette libération un usage de récupération politique.

Les deux plus grandes chaînes de télévision françaises, TF1 et France 2, ont interrompu hier soir leurs programmes pour des émissions spéciales sur la libération de l’otage franco-colombienne.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP



Sur le même sujet
Nos portefeuilles
Performances actualisées le 01/12/2022
Croissance : 754%
Depuis sa création en 2001
Rendement : 247%
Depuis sa création en 2012
Déposées à la Bibliothèque Nationale de France
Actuellement
Suivi de recommandation
Recommandation
Suivi de recommandation
Analyses technique
Analyses fondamentales