Le geste de Nicolas Sarkozy pour sauver Ingrid Betancourt
Article du 06/12/2007
Elle est apparue d'une extrême maigreur, les mains croisées et enchaînées, la tête baissée et visiblement à bout de force. Les dernières images d’Ingrid Betancourt, rendues publiques vendredi, ont bouleversé le monde. Dans une longue lettre à sa mère datée du 24 octobre, l’otage Franco-Colombienne, enlevée le 23 février 2002, disait son désespoir et exprimait la confiance qu’elle plaçait en la France et son président. « Quand la nuit était la plus obscure, la France a été le phare. Le président Sarkozy est sur le méridien de l’histoire. »
Alors qu’Alvaro Uribe a mis fin à la médiation du président vénézuélien Hugo Chavez avec les Farc, le gouvernement colombien a proposé mardi à Nicolas Sarkozy de participer à une réunion avec les guérilleros. Une proposition à laquelle le président français, très impliqué dans le dossier, a pris le temps de réfléchir pour trouver la « meilleure stratégie ».
La nuit dernière, Nicolas Sarkozy s’est adressée au chef des Farc Manuel Marulanda dans un message télévisé. Il lui a personnellement et « solennellement » demandé de « relâcher Ingrid Betancourt et ne pas porter sur votre conscience le risque que ferait peser sa disparition ». Tout en faisant savoir qu’il ne partageait pas les idées des Farc et condamnait leurs méthodes, le président français a appelé aux sentiments humanitaires des guérilleros colombiens. « Il faut sauver une femme en danger de mort », a-t-il déclaré, formulant un rêve : « celui de voir Ingrid au milieu des siens pour Noël ». En échange, Nicolas Sarkozy, devenu le nouveau médiateur du conflit colombien, s’est engagé « à continuer à (s)’appliquer personnellement dans la recherche d’une solution humanitaire pour la libération de tous les autres séquestrés » et, si cela est souhaité, « à redoubler d’efforts pour trouver une issue au conflit colombien ». « Vous portez une lourde responsabilité », a-t-il conclut.
Dans un second message à la radio, Nicolas Sarkozy s’est adressé aux 16 otages détenus dans la jungle. « Je me suis engagé à vous arracher à un destin inhumain », a-t-il dit. « Je vous apporte le message de solidarité de la France. (…) La France ne vous oubliera jamais. La France recherche de nouveaux moyens pour vous rendre à la liberté, aux vôtres, à la vie ». Le chef d’Etat français a fini ce message d’espoir en s’adressant à Ingrid Betancourt. « Je veux vous dire mon admiration pour votre dignité, votre courage. Je veux vous dire l’affection des vôtres. Je veux vous apporter le témoignage du refus de la France d’accepter l’inacceptable, a-t-il déclaré. Nous ne vous laisseront jamais tomber. Je vous supplie d’avoir confiance. Nous y arriverons. Votre famille vous attend ».
Le geste de Nicolas Sarkozy a été immédiatement été salué par la famille et les proches d’Ingrid Betancourt, ainsi que par les Comités de soutien.
« Nous espérons que Manuel Marulanda saisisse la portée d’un tel appel fait par le président français devant les drapeaux de la France et de la communauté européenne », a expliqué Astrid Betancourt, la sœur de l’otage Franco-Colombienne, ajoutant attendre « un geste humanitaire de Manuel Marulanda, c’est-à-dire la libération d’Ingrid ». « Après ces journées de profonde douleur, nous remercions le geste fort, audacieux et emprunt d’humanité de Nicolas Sarkozy », a-t-elle poursuivi.
« C’est du jamais vu. Nicolas Sarkozy s’est vraiment engagé pour la libération de ma mère », a pour sa part déclaré ce matin sur RTL Lorenzo Delloye, le fils d’Ingrid Betancourt. « Il s’engage comme médiateur. Il a bien compris le sens de la lettre de ma mère, à quelle point elle est désespérée ».
Le comité Agir pour Ingrid a pour sa part estimé ne pas douter « un instant que ce message agira comme un sérum de survie pour Ingrid Betancourt et les otages de Colombie ».
