Cette visite diplomatique a soulevé beaucoup d’interrogations. Annoncée par N’Djamena hier après-midi, la venue du président américain a été confirmée dans la soirée par David Martinon, le porte-parole de l’Elysée.
Selon une source diplomatique à Paris, Nicolas Sarkozy a « hésité » avant de se rendre au Tchad mais « ne pas y aller aurait signifié laisser aller ce pays à vau-l’eau ».
Cette visite intervient un peu plus de trois semaines après une attaque de trois groupes rebelles, armés et soutenus par Khartoum, contre le pouvoir d’Idriss Deby, à qui la France avait apporté son soutien indirect mais décisif.
Toujours selon cette source, l’objectif du président est double : demander la relance du dialogue politique inter-tchadien en vue d’élections démocratiques et obtenir de N’Djamena la mise en place d’une commission d’enquête sur la disparition de deux opposants au régime, depuis début février, lors de l’attaque des rebelles.
Nicolas Sarkozy devrait également demander au président tchadien la grâce des six membres de l’Arche de Zoë, condamnés en décembre 2007 à 8 ans de travaux forcés pour tentative d’enlèvement de 103 enfants supposés être des orphelins du Darfour. On précise toutefois de source diplomatique que les demandes de grâce n’entrent « pas dans les objectifs du voyage ».
Outre ces aspects diplomatique et humanitaire, la visite présidentielle est également importante sur le plan militaire alors que se met progressivement en place la force européenne, l’Eufor, dans l’est du pays et le nord-est de la Centrafrique. Principalement voulue par Paris, la force européenne est censée protéger les 250 000 réfugiés du Darfour chassés par la guerre civile. Elle devrait être opérationnelle à la mi-mars et disposera à terme de 3 700 soldats, dont 2 100 français.
Nicolas Sarkozy poursuivra sa tournée africaine en Afrique du Sud pour une visite d’Etat jeudi et vendredi. De source diplomatique, on explique que l’Afrique du Sud, première puissance économique africaine, est « un partenaire qui s’impose » à la France « si on veut avoir une politique sérieuse en Afrique ».
Un contrat pour une centrale à charbon devrait être signé, portant sur 1,4 milliard d’euros, ainsi que plusieurs accords, notamment dans le secteur de l’énergie, à un moment où le pays connaît une grave crise énergétique qui menace sa croissance.
Le chef de l'Etat devrait être accompagné tout au long de son voyage par son épouse Carla Bruni-Sarkozy, a-t-on appris de source informée. Toutefois, selon le porte-parole de l’Elysée, David Martinon, « rien n’est arrêté » à ce propos.