Le volailler Duc vient de publier ses résultats 2007. L’occasion pour nous de faire un point sur la société avec François Gontier, le Président du Conseil d’Administration.
Il faut tout d’abord noter le contexte dans lequel s’inscrit l’activité de Duc. « Après la grave crise de la grippe aviaire, la modification des modes de consommation a pesé pendant deux exercices », analyse François Gontier, soulignant que « la normalité est revenue au début de l’année 2007 ».
Le marché de la volaille en France est aujourd’hui un marché mature, avec une croissance de l’ordre de 1 à 2 % par an. La volaille est une des viandes les plus consommées en France. Et le secteur comporte beaucoup d’acteurs.
Reste que 2007 n’a pas été épargnée par la flambée des matières premières. « Nos coûts d’approvisionnements ont été sensiblement révisés à la hausse », explique le dirigeant de Duc. La société a procédé à des « hausses tarifaires » auprès de ses clients, mais avec du décalage toutefois.
Néanmoins, en période d’inquiétudes sur le pouvoir d’achat, Duc n’ignore pas que la ménagère cherche à acheter au prix le plus bas possible. François Gontier précise d’ailleurs que « la volaille reste un des produits viande les moins chers, après le porc ». Il compte aussi beaucoup sur l’aspect sécuritaire de ses produits pour garder sa clientèle : « Duc assure une traçabilité parfaire pour tranquilliser de consommateur, dans un marché très sensible au bien-être », explique-t-il, citant l’exemple de la garantie sans OGM du soja qui nourrit les animaux.
Forts de ces atouts, Duc a réalisé une croissance organique de près de 25 % en 2007, bien au-delà des performances du secteur, ce qui satisfait la direction. Le chiffre d’affaires consolidé du groupe s’élève à 167,4 millions d’euros, en progression de 61,9 %.
Duc a en effet profité de sa bonne dynamique l’an passé pour « consolider sa position » et se félicite de « l’intégration bien menée de Volaven ». Autres opérations de croissance externe pour Duc : l’acquisition d’une usine d’aliments en février dernier pour éviter des aléas d’approvisionnement et l’acquisition de la société Cobral en décembre qui renforce la présence du groupe en Bretagne.
La société a aussi mis un pied en Bulgarie, via un partenariat commercial, pour un investissement de départ de l’ordre de 150 000 euros, précise François Gontier. Son idée : « faire de la Bulgarie une porte d’entrée vers la Roumanie », un relais de croissance à l’étranger au vu de sa population.
En 2007, Duc enregistre un résultat opérationnel de 4,8 millions d’euros et renoue avec la profitabilité. Le groupe affiche une marge opérationnelle de 2,9 % en progression de 5,7 par rapport à 2006. Le résultat net est de 4,1 millions d’euros, en progression de 7,2 millions sur la période.
Duc ne possède aujourd’hui quasiment plus de dettes, avec un crédit moyen terme de zéro fin mars et un crédit bail proche de zéro également. Le seul poste de dette de la société vient de l’affacturage. Toutefois, cette situation ne devrait pas être amenée à durer, précise François Gontier. Des investissements sont en vue qui vont nécessiter l’ouverture d’une ligne de financement de quelques millions d’euros. Le dirigeant de Duc nous a parlé d’un « projet lourd de 12 à 15 millions d’euros pour 2008-2009 », portant sur une amélioration de la productivité et une modernisation des chaînes de production. « Les sommes nécessaires viendront de financements extérieurs mais aussi du cash de l’entreprise. »
En revanche, « Duc n’étudie pas de dossier de croissance externe actuellement » même si la porte n’est pas fermée à de « petits dossier marginaux », annonce François Gontier.
A noter également que Duc travaille à ce moment à une cession d’un actif dans le Sud de la France, une opération qualifiée de « longue ». La société a également diminué sa participation dans le capital de Dialzo, passant de plus de 60 % à 46 % aujourd’hui, au motif que le fonds de commerce de Dialzo ne nécessitait plus le même besoin d’accompagnement mais aussi parce que « Duc a moins besoin d’extrusion de soja ».
Sur le plan capitalistique, Duc a accueilli un nouveau partenaire en 2007 avec la CECAB, une très grosse coopérative de l’Ouest de la France, propriétaire notamment de la marque Daucy. François Gontier estime qu’il s’agit là d’un « vrai partenaire inscrit dans une démarche de long terme ». Par ailleurs, « CECAB fournit des dindes élevées dans ses structures selon les critères de Duc et qui sont ensuite transformées en produits panés par Duc ».
C’est d’ailleurs dans cette partie traiteur que se développe fortement Duc. Cobral doit ainsi permettre au groupe de développer une gamme de produits traiteurs à base de volaille, particulièrement dans le domaine du halal. Cette gamme est relativement nouvelle chez Duc. Elle a nécessité des aménagements particuliers pour agréer à la charte du halal et respecter les rituels de sacrifice des animaux. La fabrication de produits halal entraîne un surcoût de 6 %, note Duc. Mais le marché est à prendre dans les grandes surfaces puisque 80 % du marché est couvert par les boucheries traditionnelles musulmanes. Le marché de la viande halal est estimé à 300 à 400 000 tonnes par an, avec des consommateurs musulmans trois fois plus gourmands que les non musulmans.