De toute urgence, la Réserve Fédérale a dernièrement ramené son principal taux directeur à 3 % pour contrer tout risque de récession aux Etats-Unis. La décision était espérée mais a surpris par sa rapidité d’initiative : en moins de deux semaines, la banque centrale américaine a en effet baissé ses taux de trois quarts de points le 22 janvier puis d’un demi point une semaine plus tard. Cela avant même la tenue officielle de sa réunion.
Le geste a donc été bien accueilli. Mais en quelques jours, le contexte a changé. La publication hier d’un indice ISM des services - colonne vertébrale de l’économie américaine - en chute libre à 41,9 (- 12,5 points) a ravivé les craintes d’une récession de la première économie mondiale et les espoirs d’une nouvelle baisse des taux de la part de la Fed. Certains analystes estiment même que la banque centrale pourrait à agir pour réduire le loyer de l’argent avant sa prochaine réunion - prévue le 18 mars -, poussée par la détérioration de la conjoncture et la chute de la Bourse.
Côté conjoncture, de nombreux éléments vont dans ce sens : selon David Rosenberg de Merrill Lynch, la chute d’activité dans les services fait suite à une série de mauvaises nouvelles, allant de la forte baisse des ventes automobiles en janvier jusqu’au durcissement généralisé du crédit annoncé lundi par la Fed, que ce soit pour les prêts aux entreprises ou aux particuliers, en passant par la contraction des embauches en janvier. Si les banques coupent le robinet du crédit, c’est toute l’économie qui risque de caler faute de liquidités en circulation.
Côté bourse, les marchés, déjà très nerveux, ont plongé hier. Les Bourses européennes ont lourdement chuté et, à New York, l’indice Dow Jones a perdu 2,93 % à 12 265,13 points. « Si la Bourse perd entre 7 et 10 % au total » ces jours-ci, estime John Lonski de Moody’s Investors Service, « il y a de bonnes chances qu’elle décide d’avancer la baisse des taux qu’elle prévoyait de faire en mars ». Ce faisant, la banque centrale laisserait les marchés financiers dicter le calendrier de son action, ce qui ne manquerait pas de nourrir les critiques.
