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La Fed ramène son taux directeur à 3 %

Article du 31/01/2008

- 1,25 points en huit jours. La Réserve fédérale américaine aura été bien réactive. La semaine dernière, les banquiers américains prenaient la décision en urgence et anticipant par là même leur propre calendrier de ramener son taux directeur à 3,5 %. En pleine tourmente boursière, cette baisse de trois quarts de point apportait une bouffée d’air aux places financières américaine et mondiales.
De l’avis de beaucoup d’analystes, cette réaction – inhabituelle de la part de l’institution - augurait d’une nouvelle décision similaire lors de la réunion qui était prévue mardi et mercredi. Ils avaient raison. La Fed a à nouveau abaissé hier son taux directeur d’un demi-point pour le ramener à désormais 3 %. La banque centrale a également abaissé d’un demi-point son taux d’escompte, utilisé en cas de situations d’urgence, pour le ramener à 3,5 %.
Cette action spectaculaire résulte principalement des inquiétudes qui hantent les esprits des opérateurs de marché depuis la crise des « subprimes » et plus encore depuis l’apparition du spectre d’une récession aux Etats-Unis. « Les marchés financiers restent soumis à des tensions considérables et le crédit a continué de se resserrer pour certains ménages et certaines entreprises », note le Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed dans son communiqué.
La baisse des taux décidée combinée avec les précédents mesures d’assouplissement de la politique monétaire « devrait aider à promouvoir une croissance modérée à terme » et à « atténuer les risques pour l’économie », estime la banque centrale.
Car la Fed ne cache pas ses inquiétudes sur une possible « aggravation de la contraction immobilière » et sur l’affaiblissement du marché du travail, même si elle ne connaît pas encore le rapport sur l’emploi de janvier qui sera publié demain.
D’une manière plus large, les risques de récession justifient, aux yeux de la Fed une action très déterminée. Au quatrième trimestre 2007, la croissance a brutalement décéléré à 0,6 % (en rythme annuel) contre 4,9 % au trimestre précédent, du fait d’un essoufflement des consommateurs et d’une aggravation de la crise immobilière.
Cependant, il est à noter que la décision de baisser les taux n’a pas fait l’unanimité au sein même du FOMC. Le président de la banque de réserve de Dallas, Richard Fisher, aurait préféré que la Fed laisse ses taux inchangés. Le communiqué n’explique pas les réticences du responsable de Dallas mais il est probable que la menace inflationniste ait joué un rôle.
Au quatrième trimestre, l’inflation de base mesurée par les dépenses de consommation (PCE) a atteint son plus haut niveau depuis la mi-2006, à 2,7 % - soit largement au-dessus de la limite de tolérance de 2 % de la Fed. Une accélération de l’inflation serait problématique car elle appellerait en théorie un durcissement monétaire aux antipodes des remèdes nécessaires pour contrer une récession.
Sur ce plan, la Fed a rappelé qu’elle s’attendait à une « modération » de l’inflation dans les trimestres à venir, mais qu’elle allait devoir suivre « de près » les développements.

Prête à agir à nouveau

Et, au vu de la conjoncture, la banque centrale américaine n’exclut pas une nouvelle action. Elle a en effet suggéré qu’elle pourrait aller plus loin pour contrer les risques de récession et les tensions « considérables » sur les marchés. La Fed se dit prête à « agir en temps voulu, et si besoin est, pour contrer ces risques ». C’est exactement la formule qu’elle avait employée le 22 janvier, lors de la première baisse de ses taux.
En baissant de la sorte ses taux et en mettant autant en avant les perturbations financières, la Fed court le risque d’être accusée de complaisance envers les marchés. Mais elle n’avait guère le choix : toute baisse moins forte risquant de déstabiliser les marchés qui se seraient estimés trahis.
A court terme cette décision va soulager quelque peu le système financier confronté à un tarissement de liquidités et à un durcissement des conditions du crédit, soulignent les analystes. Le secteur financier a néanmoins soulevé de nouvelles craintes en fin de séance avec la difficulté de trouver une solution globale pour aider les rehausseurs de crédit américains dont une faillite pourrait aggraver la situation des banques, particulièrement touchées par la crise financière.
La décision de la Fed a été saluée par les marchés, la Bourse de New York repartant à la hausse peu après la publication du communiqué. Dans le rouge pendant la majorité de la séance, les trois indices de Wall Street ont récupéré leurs gains dès l’annonce de la Réserve fédérale. Toutefois, Wall Street a clôturé en baisse hier. Le Dow Jones a perdu 0,3 % à 12 442,83 points et le Nasdaq 0,38 % à 2 349,00 points. L’indice élargi Standard and Poor’s 500 a lui lâché 6,51 points à 1 355,79 points (- 0,48 %).
L’euro progressait au-dessus du seuil de 1,48 dollar hier, juste après la décision de la Réserve fédérale. Vers 19h20 GMT, la devise européenne s’échangeait 1,4845 dollar.

Restaurer la confiance

Hier, la Fed et George Bush s’étaient donc donnés le mot pour essayer de restaurer la confiance à long terme dans l’économie américaine.
A l’occasion de la visite d’une société de construction d’hélicoptères à Torrance (Californie), le président George W. Bush a affirmé que les Américains devaient avoir « confiance » dans leur économie à long terme malgré des signes de ralentissement. « Notre économie est souple, elle est robuste, nous avons connu des problèmes par le passé », a-t-il dit, citant une période de récession antérieure, des scandales financiers, les attentats du 11-Septembre et les catastrophes naturelles comme l’ouragan Katrina.
Il a de nouveau pressé le Congrès d’approuver « le plus vite possible » l’ensemble des mesures de relance qui vient d’être adopté par la Chambre des représentants après avoir donné lieu à un rare accord politique avec l’administration. Mais celle-ci s’inquiète à présent de projets du Sénat qui pourraient modifier considérablement le contenu de ce plan d’environ 145 milliards de dollars.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP

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