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Au chevet de la croissance française

Article du 18/08/2008

Les chiffres publiés la semaine dernière sont venus rappeler la fragilité de la situation économique européenne et française notamment.
L’économie de la zone euro s’est contractée de 0,2 % au deuxième trimestre comparé au premier (+ 0,7 %), selon Eurostat. Il s’agit du premier recul du Produit Intérieur Brut (PIB) depuis la création de la zone. Jusqu’ici, la pire situation remontait au deuxième trimestre 2003 avec une croissance nulle.
Ce mauvais chiffre du deuxième trimestre alimente les craintes d’une récession dans la zone euro, un risque évoqué depuis plusieurs semaines par certains économistes. Par définition, une économie entre en récession quand son PIB recule pendant deux trimestres consécutifs, ce qui n’est pas encore le cas de la zone euro. Cependant, le climat économique de l’Euroland est à son plus bas depuis quinze ans, selon la dernière étude de la conjoncture mondiale de l’Ifo. Et, selon cette étude, les analystes s’attendent à une poursuite du ralentissement de l’activité économique sur les six prochains mois.

En France, le PIB a reculé de 0,3 % au deuxième trimestre 2008, annonçait la semaine dernière l’INSEE précisant bien que ce chiffre est une première estimation, susceptible d’être révisée. Il s’agit néanmoins de la première baisse depuis le quatrième trimestre 2002. L’économie française a subi un sérieux coup de frein entre avril et juin, sous l’effet du pétrole cher, de l’euro fort et d'un ralentissement général de l’activité en Europe et aux Etats-Unis. En outre, la consommation des ménages stagne, l’investissement recule et le commerce extérieur se dégrade toujours plus.
Cette contre-performance pour le deuxième trimestre 2008 alimente également dans l’Hexagone les craintes d’une récession. La Banque de France se veut « rassurante » : la croissance du PIB devrait être de 0,1 % au troisième trimestre, a-t-elle indiqué dans une première estimation. L’acquis de croissance pour 2008 à la fin du troisième trimestre, c’est-à-dire le niveau de croissance que l’économie française est garantie d’atteindre en 2008 si la croissance des deux derniers trimestres est au moins égale à zéro, serait donc de 1 %, précise la Banque de France dans son enquête mensuelle de conjoncture.
L’INSEE a par ailleurs revu en baisse la croissance du premier trimestre à 0,4 % contre 0,5 % auparavant.
La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a assuré jeudi dernier que la croissance française pour l’ensemble de 2008 devrait rester « dans le bas de la fourchette » de 1,7 % à 2 % prévue par le gouvernement.

Cela ne permet pas pour autant de « se reposer sur ses lauriers ». Une réunion d’urgence a été convoquée pour aujourd’hui à Matignon. Christine Lagarde (Economie), Eric Woerth (Budget) et les secrétaires d’Etat Luc Chatel (Consommation), Laurent Wauquiez (Emploi), Anne-Marie Idrac (Commerce extérieur) et Hervé Novelli (PME) ont été conviés par le Premier ministre François Fillon pour « analyser les causes » de la dégradation de la conjoncture internationale et « identifier les réponses qui devront y être apportées ».
Cette réunion ne devrait pas déboucher sur des annonces, indique-t-on au ministère de l’Economie qui rappelle que « certaines réponses ont d’ores et déjà été apportées ». « La loi de modernisation de l’économie devrait permettre une baisse des prix, et au programme de la rentrée, figureront le revenu de solidarité active ou la loi sur la participation », indique-t-on.

Ce bilan est loin de satisfaire tous les observateurs.
Les éditorialistes de la presse française estiment qu’il est temps d'arrêter les discours « infantilisants » et de dire enfin « la vérité aux Français » sur « la récession qui vient », écrit Didier Pourquery dans Libération. « Ils peuvent l’entendre. Ils y sont préparés », estime-t-il.
Car, comme le remarque Olivier Picard dans Les Dernières nouvelles d’Alsace, « face à une opinion publique intelligente qui a parfaitement compris la gravité de la situation, le discours gouvernemental français demeure obstinément infantilisant ».
Les Français auraient même si bien compris la situation qu’ils ont « déjà mis en oeuvre leur propre plan de rigueur. Ils se serrent la ceinture. Contraints et forcés », affirme Michel Vagner dans L’Est républicain.
Même son de cloche pour Christien Clerc, dans Le Télégramme, qui considère que « les Français ne sont pas dupes. Sages fourmis, ils ont anticipé la crise en réduisant bien avant les vacances leur consommation ».
Et il sera difficile de faire porter le chapeau à la conjoncture internationale, assure Olivier Provost dans La Tribune. Car « même si c’est vrai, incriminer les mouvements de l’euro face au dollar, la flambée des prix du pétrole, la crise financière, l’inflation galopante et surtout le ralentissement économique généralisé (...) est une argumentation qui n’a jamais vraiment convaincu les électeurs ». Pour Maurice Ulrich, L’Humanité, pas de doute : la responsabilité de la récession revient au gouvernement. « La réalité c'est que toutes les mesures prises en un an par le gouvernement Sarkozy favorisent le capital et les logiques financières contre les salaires, la consommation, l’emploi productif et ce que l’on appelle l’économie réelle », écrit -il. Avant d’asséner : « On ne peut servir à la fois les intérêts financiers et l’intérêt public ».
Quoi qu’il en soit, face à cette situation, Sébastien Lacroix pense, dans L’Union, que « l’erreur serait de retarder le train des réformes. Car, dès que les vents redeviendront favorables, sans doute fin 2009, ce sont les pays déjà restructurés qui en profiteront les premiers », assure-t-il.
Même constat chez la plupart des économistes. « Ma grande crainte est que l’on prenne des petites mesures, qui coûtent cher et dopent artificiellement un secteur, comme l’ont été les Balladurette ou les Jupette », ancêtre de la « prime à la casse », souligne Nicolas Bouzou, chez Asterès. « C’est souvent le péché des gouvernement en période de ralentissement », ajoute l’économiste.
« On n’a jamais été aussi proche d’une récession », conclut Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Francebourse.com, avec AFP
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