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Allemagne : Une fraude fiscale géante

Article du 18/02/2008

Après la découverte d’une fraude fiscale qui a obligé le patron de la Deutsche Post à démissionner, l’Allemagne s’attend à de nouveaux coups de théâtre dans le plus grand scandale de fraude fiscale de son histoire.
L’Affaire toucherait près d'un millier de riches personnalités allemandes, toutes soupçonnées d’avoir dupé le fisc allemand en dissimulant leur fortune dans la principauté du Liechtenstein.
« Dans de très nombreux cas, des personnalités-clés de notre pays ont voulu se soustraire à leur devoir de solidarité via l’impôt en pratiquant l’évasion fiscale vers le Liechtenstein », indiquait en fin de semaine dernière le porte-parole du ministère des Finances.
La révélation de ce scandale sans précédent vient d’un mystérieux informateur. Les autorités allemandes ont réussi à contourner le secret bancaire du Liechtenstein en achetant à un informateur des données. Sa récompense : près de cinq millions d’euros.
Montrée du doigt, la banque LGT, propriété de la maison princière du Liechtenstein, a reconnu que les données bancaires en possession des autorités allemandes provenaient d’une liste confidentielle lui ayant été dérobée en 2002 par un employé, licencié et condamné depuis. La banque, qui était donc au courant du vol, affirme en revanche n’avoir eu connaissance qu’à l’été 2007 « d’éléments laissant supposer que des données clients avaient été transmises à des tiers de manière illégale ».
Cet indicateur, qui avait contacté les services secrets allemands début 2006, craint désormais pour sa vie et demande à être protégé, rapportent divers medias allemands.
Ce n’est pas la première fois que la petite principauté apparaît au premier plan d’un scandale financier en Allemagne : en 2000, lors de l’énorme scandale des caisses noires de la CDU (parti conservateur), des comptes au Liechtenstein avaient déjà fait couler beaucoup d’encre.
Angela Merkel doit recevoir son homologue de la principauté du Liechtenstein, Otmar Hasler mercredi. Pour l’heure, le petit paradis fiscal alpin affiche sa sérénité et offre même son soutien à Berlin pour éclaircir cette affaire.

Une fraude sans précédent

Cette opération, digne « de l’imagination d’un auteur de roman policier américain », selon le journal Die Welt, en vaut certainement la chandelle pour le fisc allemand puisque la fraude pourrait totaliser jusqu’à 4 milliards d’euros.
Premier à être épinglé, le patron de la Deutsche Post, Klaus Zumwinkel, a présenté vendredi sa démission au lendemain d’une spectaculaire perquisition à son domicile et à son bureau. Le très influent patron de la poste allemande est soupçonné d’avoir soustrait un million d’euros à l’administration fiscale.
Dès les prochains jours, environ 125 procédures d'enquête doivent être lancées, selon les indiscrétions à la presse. Il est aussi question de 900 mandats de perquisition prêts à être exécutés, en particulier à Cologne et Düsseldorf (ouest).
Le ministère des Finances a conseillé aux personnes concernées de se dénoncer pour bénéficier d’une réduction de peine.
Dans les milieux politiques et économiques allemands, les réactions ne se sont pas faites attendre. La chancelière Angela Merkel avait dénoncé dès vendredi un scandale allant « au-delà de l’imagination ».
Le cas Zumwinkel a déclenché un débat sur la morale des dirigeants d’entreprises, déjà attaqués ces derniers temps pour leurs rémunérations mirobolantes indépendamment de leurs résultats. Les nouvelles sont « dévastatrices pour l’acceptation de notre système économique », a déploré le président de la fédération de l’industrie allemande dans le quotidien Handelsblatt. La réputation du patronat allemand a déjà été sérieusement ébranlée ces dernières années par deux affaires : celle de la corruption du comité d’entreprise du constructeur Volkswagen, et celle des énormes caisses noires du conglomérat Siemens.
De son côté, la direction du parti social-démocrate réclame un durcissement des sanctions contre les fraudeurs qui se soustraient à l’impôt et qui risquent déjà jusqu’à dix ans de prison.
Le chef du puissant syndicat Verdi, Frank Bsirske, a dénoncé le fossé entre « la rhétorique et le comportement » des dirigeants qui « prônent le renoncement alors qu’eux-mêmes se remplissent les poches ». Il s’est dit favorable dans le Bild am Sonntag à un taux d’imposition de 80 % pour les dirigeants dont les revenus annuels atteignent deux millions d’euros.
Même consternation au gouvernement : « ce sont les élites qui font craquer le système » d’économie sociale de marché, a dénoncé le ministre des Finances Peer Steinbrück dans une interview à l’édition en ligne de l’hebdomadaire Die Zeit.
Son homologue de l’Economie, Michael Glos, a demandé aux dirigeants économiques de « développer une éthique » professionnelle et de « se purger » de leurs mauvaises habitudes, a-t-il dit au journal Bild am Sonntag d’hier.

Francebourse.com


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