On s’attendait à ce que la Banque Centrale Européenne ne touche pas à ses taux directeurs, maintenus au final à 4 %. Plus intéressante était l’intervention de son grand patron, Jean-Claude Trichet, en début d’après-midi.
La BCE s’est alors montrée un peu plus inquiète qu’elle ne l’avait été jusque là pour les perspectives de croissance en zone euro. Si Jean-Claude Trichet a redit que les « fondamentaux » économiques étaient « sains » dans la zone euro, il a insisté plus que d’habitude sur les risques que fait peser la crise financière sur la conjoncture européenne. « Les récentes statistiques ont montré que les risques pour la croissance sont dirigés vers le bas », a-t-il dit. En clair, le danger que la croissance soit moins forte que prévu a augmenté. Dans tous les cas, elle devrait être « plutôt en dessous » de 2 %.
La BCE semble avoir rangé au placard toute hausse de taux directeur et amorcé un virage vers une politique monétaire neutre, même si son président n’a pas voulu employer ce terme. Il a précisé que la BCE souhaitait à l’avenir rester « prévisible » dans ses décisions sur les taux à court terme.
Le Français n’a pas pour autant oublié l’inflation, autre grand motif d’inquiétude à la BCE, alors que celle-ci a atteint un pic de 3,2 % sur un an en janvier en zone euro. En gardant le principal taux directeur à 4 %, le conseil estime être « en mesure de garantir une stabilité des prix à moyen terme », a insisté Jean-Claude Trichet. La BCE reste « engagée » à combattre tout effet de second-tour, où les hausses de prix se propagent aux salaires, créant un effet de spirale. Enfin, elle a de nouveau exhorté les partenaires sociaux à conclure des accords salariaux modérés alors que les syndicats européens, particulièrement en Allemagne, demandent des hausses conséquentes de salaires.