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Grenelle de l'environnement : la révolution française

Article du 26/10/2007
« Le Grenelle n’est pas une fin, c’est un commencement », a déclaré hier Nicolas Sarkozy. La révolution verte de la France est engagée. « La France n’est pas en retard mais elle veut maintenant être en avance ». Après quatre mois de débats et deux jours de tables rondes, le président français a pris les décisions qui permettront au pays de mettre en place une politique économique soucieuse de la nature et du climat.
Dans la grande salle de réception du Palais de l'Élysée, Nicolas Sarkozy a prononcé son discours devant près de 700 personnes. Le chef d’Etat français s’est entouré de deux personnalités pionnières dans la lutte contre le réchauffement climatique : l’ancien vice-président américain Al Gore et la Kényane Wangari Maathai, tous deux Prix Nobel de la Paix.
Le président de la commission européenne Manuel Barroso était également présent et Nicolas Sarkozy n’a pas manqué de l’interpeller à plusieurs reprises sur les politiques européennes à mener, alors que la France prendra la tête de l’UE au second semestre 2008.
« Le Grenelle est une révolution dans nos façons de penser, de décider, dans nos comportements, dans nos politiques, dans nos objectifs et dans nos critères », a déclaré Nicolas Sarkozy. La France veut devenir « exemplaire ».
« Il faut avoir le courage de décider autrement », a-t-il lancé. Les décisions ne seront plus issues de l’administration mais de la négociation. Le Grenelle, qui a réuni experts, écologistes, patronat, syndicats, Etat et collectivités, est la preuve que des compromis peuvent être trouvés sur des sujets controversés.
« Toutes les décisions politiques prendront en compte le coût environnemental », a annoncé Nicolas Sarkozy qui souhaite changer les mentalités en renversant « la charge de la preuve ». Ce seront désormais « aux projets non écologiques de prouver qu’on ne peut pas faire autrement » et non plus aux politiques environnementales de démontrer leur intérêt.
Le président français a prôné une politique de « vérité » et de « responsabilité » afin de ne plus « pouvoir dire qu’on ne savait pas ». Il a ainsi défendu le principe de précaution qui est, selon lui, un « principe de vigilance et de transparence », lançant une flèche à Jacques Attali, président de la commission pour la libéralisation sur la croissance, qui a proposé sa suppression de la Constitution.

Investir pour l'avenir

Nicolas Sarkozy veut être responsable. « Il faut avoir le courage de dire que la hausse des prix des hydrocarbures sera permanente. Il faut avoir le courage de dire qu'il n'y aura plus de pétrole avant la fin du siècle. Il faut avoir le courage de dire que nous ne connaissons pas tous les effets à long terme des 100 000 substances chimiques commercialisées ».
Le président veut une politique transparente car « les Français ont le droit de savoir ». Il souhaite que « toutes les données (soient) communicables y compris sur les OGM et le nucléaire ».
Reprenant les propositions du Grenelle de l’environnement, Nicolas Sarkozy « souhaite que la culture commerciale des OGM pesticides soit suspendue ». « La vérité est que nous avons des doutes sur l'intérêt actuel des OGM pesticides. La vérité est que nous avons des doutes sur le contrôle de la dissémination, la vérité est que nous avons des doutes sur les bénéfices sanitaires et environnementaux des OGM ». L’usage des pesticides devra être réduit de 50% dans les dix ans qui viennent.
Au niveau énergétique, Nicolas Sarkozy veut « faire de la France le leader des énergies renouvelables », sans nier la nécessité du nucléaire. « Pourquoi choisir puisque nous avons besoin des deux ? ». Le président s’est engagé à un investir un euro dans la recherche sur les énergies propres à chaque fois qu’un euro sera investi dans la recherche sur le nucléaire.
Tout l’enjeu réside dans l’investissement qui doit être massif « pour créer les conditions de la croissance de demain ». « La solution n’est pas dans l’accumulation de la taxation mais dans l’investissement », estime-t-il.
Le gouvernement investira un milliard d’euros sur quatre ans dans les énergies renouvelables. 50 000 emplois seront créés dans ce secteur et la facture des ménages en énergie sera réduite de près de 40% d’ici 2020.
Investissements dans les transports également. « L’Etat a eu tort de se dessaisir des transports urbains », estime Nicolas Sarkozy qui veut rétablir la participation de l’Etat dans la construction de voies cyclables, de bus et de tramway. Il a également annoncé la construction de 2 000 km de lignes TGV ainsi que la réaffection des lignes dégagées au fret. Le président veut réhabiliter les transports fluvial et maritime et faire « entrer les marchandises par les ports », afin de « retirer des routes un million de camions d’ici à 2020 ».

Ne pas décevoir

Autre gros chantier à financer : le bâtiment dans lequel 100 000 emplois seront créés. Avant 2012, tous les constructions neuves devront respecter une norme basse consommation afin de parvenir à des bâtiments à énergie positive. Par ailleurs, sur les 30 millions de logements anciens, un vaste chantier de rénovation sera lancé, démarrant par celle des 800 000 logements HLM dégradés.
Dans l’agriculture, un « enjeu majeur », les investissements seront massifs. En Europe, Nicolas Sarkozy, dès sa présidence de l’UE, veut « un grand débat sur les principes fondateurs de la PAC ». Il propose une TVA réduite sur les produits propres et souhaite que les prix intègrent le coût environnemental. Il a appelé l’Europe à étudier « la possibilité de taxer les produits importés de pays qui ne respectent pas le protocole de Kyoto ». Nicolas Sarkozy prône une politique de lutte contre le dumping environnemental afin de ne « pas importer en Europe des produits de pays qui ne respectent pas les règles que nous imposons à nos propres agriculteurs ».
En France, le président s’ « engage à ce que la révision générale des prélèvements obligatoires se penche sur la création d'une taxe ‘climat-énergie’ en contrepartie d'un allègement de la taxation du travail pour préserver le pouvoir d'achat et la compétitivité ».
Nicolas Sarkozy se fixe désormais comme objectif de « ne pas décevoir ». Après les décisions, l’heure est à la mise en place. Une loi de programmation doit être votée par le Parlement au premier trimestre 2008.
Fin septembre, le président français prônait à l’ONU un « new deal économique et écologique planétaire ». Hier, il a lancé le « plan Marshall » de la France pour l’environnement. « La France est en train de changer. L’Europe doit agir, le monde doit réagir », a-t-il lancé avant de conclure : « Ce que j’ai dit ce soir, nous le ferons et nous le ferons ensemble ».

Francebourse.com – Manuelle Tilly
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