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Etats-Unis : Rien ne va plus

Article du 21/08/2008

Plus d’un an après l’éclatement de la crise des « subprime », le secteur financier américain s’est remis à trembler ces derniers jours. L’horizon semble bien noir pour l’économie US.
Alors que la planète financière avait commencé à espérer que le pire de la crise était passé, les nuages sont en effet revenus couvrir l’horizon des groupes financiers américains cette semaine. Dépréciations et ventes d’actifs supplémentaires, nécessité de lever de l’argent frais et lourdes pertes prévues lors des trimestres à venir, tel devrait être le quotidien du secteur dans les mois à venir, annoncent les analystes.

Le secteur bancaire en déroute

Le secteur financier américain a déjà perdu plus de 300 milliards de dollars depuis le début de la crise en 2007, selon les sources de marché. La valeur de l’indice bancaire de la Bourse de New York a été divisée par plus de deux en un an. L’action de la banque d’affaires Lehman Brothers, considérée comme la plus affaiblie, vaut désormais moins du quart de sa valeur comparé à août 2007. Les deux géants du refinancement hypothécaire en Fannie Mae et Freddie Mac, malmenés par la chute des prix de l’immobilier et les défauts de paiements des ménages, ne valent quasiment plus rien en Bourse. Leur salut n’est désormais lié, selon les analystes, qu’à une possible nationalisation de plus en plus évoquée par la presse et les marchés.
Le retour à la stabilité n’est pas attendu avant au moins un an, pronostique l’agence de notation financière Standard & Poor’s. « On ne sait pas quand la crise sera terminée », affirme Gregori Volokhine de Meeschaert Capital Markets.
La prestigieuse banque d’affaires Goldman Sachs a considérablement abaissé ses estimations de résultats pour 2008 pour les fleurons de la finance américaine que sont Lehman Brothers, Citigroup, Merrill Lynch, Morgan Stanley et JPMorgan.
Plus alarmiste, Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du Fonds Monétaire International (FMI), affirme que la crise devrait provoquer la faillite d’une autre grosse banque américaine dans les prochains mois après Bear Stearns en mars. « Les Etats-Unis n’ont pas encore touché le fond de la crise. Le secteur financier a besoin de se consolider. Je ne pense pas que seules les petites et moyennes banques vont fermer les portes. Nous verrons aussi une grosse banque, l’une des banques d’investissement, s’écrouler », a-t-il prévenu.

Une crise de la consommation ?

D’autant que la crise financière n’a pas encore dévoilé tous ses visages. Circonscrite au départ aux crédits immobiliers accordés généreusement aux ménages fragiles, elle est désormais nourrie par la détérioration des remboursements des dettes contractées par des personnes solvables. Pis, elle devrait s’étendre à la détérioration des crédits accordés aux particuliers : emprunts de cartes de crédit, emprunts sur les locations de voiture et tout ce qui a trait à la grande consommation, avertit Marc Pado, de la Cantor Fitzgerald. « La crainte est qu’on passe d’une crise liée au départ à l’immobilier à une crise liée à la consommation », relève-t-il.
En outre, si la banque centrale américaine a permis à la finance d’éviter la catastrophe à l’automne dernier en baissant ses taux d’intérêt, l’institution monétaire a cette fois-ci les mains liées par le bond historique de l’inflation. Baisser ses taux et courir le risque de favoriser l’inflation ou les relever et être accusée d’enfoncer l’économie ? Tel est le dilemme de la Fed. Le taux directeur de la Fed est actuellement fixé à 2 %. La banque centrale se retrouve donc dans une position délicate : remonter ses taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation au risque d’enfoncer l’économie, ou les laisser inchangés en courant le risque de voir les prix bondir et affecter davantage la consommation, résument les analystes.
Les chiffres sont pas pour la rassurer. Les prix de gros ont bondi en juillet, affichant sur un an leur hausse la plus marquée en 27 ans. Les prix à la production ont progressé de 1,2 % en juillet par rapport à juin tandis que l’indice de base (hors alimentation et énergie) accélérait à + 0,7 %. Sur un an, l’inflation mesurée par les prix à la production a atteint 9,8 %, soit le niveau le plus élevé depuis juin 1981, et 3,5 % pour l’indice de base, ce qui est la hausse la plus marquée depuis 1991. En juillet les prix de l’énergie et de l’alimentation se sont tassés. Mais en dehors de ces secteurs volatils, des augmentations ont été enregistrées pour les prix des machines-outils, des équipements de transport ou encore des emballages alimentaires.
« Le bond de l’indice de base ne s’explique pas par une seule catégorie, ce qui indique que les industriels répondent à la hausse des coûts en amont en augmentant leurs propres prix », a estimé Aaron Smith de Moody’s economy.com. C’est la grande crainte des analystes : que les entreprises, à force de voir augmenter leur facture de matières premières, ne répercutent les hausses sur leurs propres clients. Généralement, les entreprises préfèrent rogner sur leurs marges bénéficiaires, surtout dans un contexte de ralentissement de la demande comme c'est le cas avec la crise économique actuelle. La semaine dernière, les chiffres inquiétants sur les prix à la consommation publiés la semaine dernière avaient fait ressortir une hausse de 5,6 % de l’inflation sur un an.

Francebourse.com, avec AFP
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