4 %. Les opérateurs attendaient avec fébrilité les données sur l’inflation en zone euro, dont la tendance haussière pourrait pousser jeudi la Banque Centrale Européenne à revoir à la hausse son taux directeur.
Ils ont été servis ! L’inflation dans la zone euro a atteint 4 % sur un an en juin, selon une première estimation de l’office européen des statistiques Eurostat. Le précédent record, établi en mai, était de 3,7 %. Les 4 % atteints en juin dépassent légèrement les attentes des économistes, qui tablaient sur une hausse des prix à la consommation de 3,9 %, selon le consensus établi par l’agence financière Dow Jones Newswires.
Il s’agit là d’un nouveau record depuis la création de cette zone en 1999. Selon les économistes, qui ont recalculé pour les années précédant 1999 l’inflation théorique des pays composant aujourd’hui la zone euro, l’inflation évolue même à un record depuis le début des années 1990.
De quoi alimenter les inquiétudes des gardiens de l’euro. La BCE reste centrée sur l’inflation dont elle redoute les conséquences de la hausse, étant donné que les taux dépasse déjà largement les limites que s’est fixée l’Europe. Les derniers taux sont en effet ressortis bien au-delà du seuil de 2 % décrété tolérée par la Banque Centrale Européenne. L’inflation dans la zone dépasse ce seuil depuis septembre 2007.
Elle a atteint 3,7 % en mai après 3,3% en avril. Elle était de seulement 1,9 % il y a un an. Et la conjoncture économique - tensions sur les marchés de matières premières alimentaires et énergétiques, faiblesse du dollar vigueur de l’euro … - n’augure pas d’une baisse avant la fin de l’année.
En France, le taux est lui aussi sur la pente ascendante. La ministre de l’Economie Christine Lagarde a estimé hier, lors de l’émission La Tribune-BFM-Dailymotion, que l’inflation se situera « entre 2 et 3 % » cette année et qu’elle « se stabilisera en fin d’année ». « Je pense en plus que vers la fin de l’année on aura un tassement des relevés mensuels d’inflation » dans la mesure où ceux-ci seront calculés sur les bases « relativement élevées » de 2007, a-t-elle expliqué.
Dans ses dernières estimations, l’INSEE parlait d’une inflation qui devrait rester supérieure à 3 % une bonne partie de l’année, évoquant même un pic à 3,6 % en juillet. La hausse des prix devrait ensuite progressivement s’assagir, pour atteindre une inflation moyenne de 3,2 % sur l’ensemble de 2008. Un taux élevé lié pour environ 1,2 point au prix de l’énergie et pour 1 point aux prix alimentaires. Cela suppose toutefois que le baril de pétrole se maintienne autour de 130 dollars.
En mai, le taux d’inflation a enregistré une hausse de 3,3 % sur un an, un record depuis juillet 1991. Les prix à la consommation ont augmenté de 0,5 % entre avril et mai, selon l’INSEE.
L’indice des prix IPCH, qui permet une comparaison au niveau européen, a augmenté de 0,6 % en mai par rapport à avril, soit une hausse de 3,7 % sur un an.
Les prix de l’énergie ont bondi de 4,2 % d’avril à mai, sous l’effet de la hausse du gaz de ville (+ 6,1 % en mai, + 10,9 % sur un an) et de celle des produits pétroliers (+ 5,4 % en mai, + 22,4 % sur un an) suivant l’évolution des cours du pétrole brut. Les seuls carburants enregistrent une hausse de 4,8 % en mai (après + 1,4 % en avril), soit une augmentation de 17,9 % par rapport à mai 2007.
L’indice des prix de l’alimentation a augmenté de 1 % en mai (+ 5,7 % sur un an). Pour les seuls produits frais, la hausse est de 5,9 % en mai par rapport à avril et de 4 % par rapport à mai 2007.
En mai, l’indice des prix des produits de grande consommation dans la grande distribution s’accroît de 0,2 % après une hausse de 0,3 % en avril. Sur un an, l’augmentation est de 5,3 %.
Au cours des trois derniers mois, les prix dans la grande distribution ont progressé de 0,7 % alors qu’ils étaient stables sur la même période un an auparavant.
Sur un an, la hausse des prix des produits de grande consommation est de 5,9 % dans les hypermarchés et de 5 % dans les supermarchés. Dans les autres formes de vente, l’indice des prix des produits de grande consommation grimpe de 0,4 % en mai 2008 et sur un an de
+ 6,2 %.
Hier, la ministre a par ailleurs écarté tout hypothèse de « stagflation » dans l’Hexagone, c’est-à-dire une stagnation de la croissance couplée à une forte inflation. « On a déjà aujourd’hui, à la fin du premier trimestre, un acquis de croissance de 1,2 %, il faudrait qu'on fasse zéro pendant tout le reste de l’année » pour entrer en stagflation, « ce qui paraît totalement exclu », a indiqué Christine Lagarde.
