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BCE : Apaiser les tensions sur les prix

Article du 30/06/2008
Selon toute vraisemblance, la Banque Centrale Européenne, qui réunit jeudi son comité de politique monétaire, devrait relever son principal taux directeur d’un quart de point pour le porter à 4,25 %. Ce taux de refinancement ou « refi » détermine le coût du crédit pour les particuliers et les entreprises de la zone euro. Il se hisserait ainsi à son plus haut niveau depuis sept ans.
La BCE n’y a plus touché depuis juin 2007. Elle a interrompu son cycle de relèvement des taux en septembre, suite à l’effondrement du secteur des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis (« subprime »). Aujourd’hui, l’institution européenne espère avec ce geste dompter le spectre d’une surchauffe inflationniste. Son président Jean-Claude Trichet aime à le répéter : « nous n’avons qu’une aiguille à notre compas ». Une façon de rappeler que le Traité de Maastricht a confié à l’institution une mission prioritaire : la lutte contre l’inflation. « L’objectif principal du SEBC (Système européen des banques centrales, ndlr) est de maintenir la stabilité des prix ». La croissance vient ensuite. « Sans préjudice de l’objectif de stabilité des prix, le SEBC apporte son soutien aux politiques économiques générales dans la Communauté, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de la Communauté, tels que définis à l’article 2 » (article 105, paragraphe 1, du traité). Laquelle Communauté se donne pour objectifs d’obtenir un niveau d’emploi élevé et une croissance durable et non inflationniste, selon l’article 2 du Traité sur l’Union Européenne.
Les gardiens de l’euro ne veulent donc pas faillir à leur mission alors que l’inflation dépasse de loin la limite des 2 % fixée par le Traité de Maastricht. Le taux d’inflation a grimpé à un record de 3,7 % sur un an en mai, poussé par le pétrole cher et l’envolée des prix des aliments. En juin, il devrait s’être rapproché un peu plus des 4 %.
Jean-Claude Trichet a déclaré début juin que le conseil était « en état d’alerte élevé » face au danger d’emballement des prix et qu’une légère hausse de taux serait « possible » lors de la réunion du 3 juillet. Les gouverneurs de la BCE ont d’ailleurs ces derniers temps fait preuve d’une rare franchise concernant leurs intentions, note Jörg Krämer de la Commerzbank. Le geste « paraît presque certain et est intégré totalement par les marchés », complète Stephane Deo, économiste chez UBS.
La hausse des prix, qui mange le pouvoir d’achat des particuliers et freine donc la consommation, est liée à l’augmentation de la demande mondiale gonflée par les besoins croissants des grands pays émergents comme la Chine. La spéculation joue aussi un rôle dans la flambée des prix de l’or noir. Contre ces chocs, la BCE est impuissante. Mais elle peut faire en sorte, en resserrant les vannes du crédit, d’empêcher autant que possible qu’ils contaminent l’ensemble de l’économie et entraînent un dérapage durable des prix. C’est pourquoi elle enjoint depuis des mois les partenaires sociaux d’éviter de conclure des augmentations de salaires trop élevées, propres selon elle à enclencher une spirale inflationniste.
En allant jusqu’à remonter ses taux, la BCE pourrait néanmoins s’engager sur un terrain glissant, alors qu’une pléthore d’indicateurs ont récemment annoncé une sévère détérioration de l’économie de la zone euro sur tous les fronts, exportations, activité industrielle et consommation.
L’après 3 juillet divise. En Espagne et en France, responsables politiques et économistes émettent cependant des doutes sur la pertinence de remonter les taux. Fait plus rare, le ministre des Finances allemand aurait lui aussi exprimé des réserves, assure le magazine Der Spiegel.

Francebourse.com, avec AFP
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