Paris : les otages colombiens au coeur de la visite d'Hugo Chavez

Première visite officielle en France pour Hugo Chavez depuis l'arrivée à la présidence de Nicolas Sarkozy. Le président vénézuélien est arrivé lundi soir à Paris pour 24 heures consacrées au sort des otages en Colombie, dont la Franco-colombienne Ingrid Betancourt, alors que les familles attendent des preuves de vie.
Nicolas Sarkozy doit recevoir son homologue mardi à l’occasion d’un déjeuner au palais de l'Elysée. Le cas d'Ingrid Betancourt, enlevée en février 2002 par la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), sera évoqué à cette occasion.
Hugo Chavez a affirmé lundi soir à Paris à la radio colombienne RCN que son homologue colombien Alvaro Uribe l'avait autorisé, sous certaines conditions, à rencontrer le chef des Farc (guérilla marxiste) Manuel Marulanda. Peu après, le gouvernement colombien a réagi dans un communiqué en indiquant qu'il était d'accord sur le principe d'une telle rencontre, sous certaines conditions.
Toutefois, le président Uribe a fait savoir dans le communiqué qu'il n'est pas disposé à « assister à cette réunion ou à une réunion ultérieure » si les otages ne sont pas libérés. Pour lui, une telle rencontre doit se tenir dans le cadre d'un « processus de paix réussi ».
Par ailleurs, Bogota a fixé, lundi dans le même communiqué, à décembre, la date limite de la médiation entreprise par Hugo Chavez. Mandaté depuis trois mois par Bogota pour mener une médiation avec la guérilla, il s'est dit « sûr » dimanche qu'elle était en vie tout en admettant ne pas disposer encore de « preuves matérielles comme une vidéo ou un enregistrement ». La dernière cassette vidéo montrant Ingrid Betancourt date de la mi-2003.
L'Elysée pour sa part s'est dit « très, très prudent » sur les « preuves de vie » qu'Hugo Chavez pourrait offrir à Nicolas Sarkozy. Selon les comités de soutien de l'ex-candidate à la présidentielle, les deux chefs d’Etat devaient recevoir séparément la famille d'Ingrid Betancourt après leur déjeuner.

En attente de preuves de vie

La sénatrice de gauche colombienne Piedad Cordoba, médiatrice aux côtés du président vénézuélien dans les négociations avec les Farc et Bogota, est arrivée lundi matin à Paris.
Selon Astrid Betancourt, la soeur de l'otage, Piedad Cordoba arrivait de Caracas où elle s'était rendue à la demande d’Hugo Chavez. Piedad Cordoba y a reçu deux lettres du numéro deux des Farc Raul Reyes et d'Ivan Marquez, un autre chef de la guérilla, dans lesquelles ils assurent tout faire pour que des preuves de vie « arrivent au plus vite ».
« Ce que nous attendons, ce sont des preuves de vie directes d'Ingrid et des autres otages », a réaffirmé lundi Olivier Roubi, porte-parole de la fédération internationale des comités Ingrid Betancourt (Ficib).
Ces preuves sont cruciales pour les familles et pour le processus politique car elles constitueraient un geste important des Farc en vue d'un éventuel accord avec les autorités colombiennes. La guérilla marxiste, à la tête d'une rébellion en Colombie, demande l'échange de 45 otages -dont Ingrid Betancourt et trois Américains- contre la libération de 500 des leurs. Du côté des Farc, « les preuves de vie arriveront, la question est de savoir si la guérilla veut faire ce cadeau ou non à Hugo Chavez » pour sa visite à Paris, estime une source diplomatique proche du dossier.
Le programme complet de la visite d’Hugo Chavez était gardé secret par les services de l'ambassade du Venezuela à Paris.
Outre une conférence de presse annoncée après sa rencontre avec Nicolas Sarkozy, Hugo Chavez devait rencontrer mardi matin une centaine de responsables de grandes entreprises françaises, dont le groupe pétrolier Total, a-t-on appris auprès du patronat français.
Il devrait quitter Paris dès mardi soir à destination du Portugal.

Francebourse.com, avec AFP