Proche-Orient : Le Hamas s'empare de la bande de Gaza

La bande de Gaza est en train de vivre une véritable guerre civile : 83 morts en une semaine.
Après des jours de combats acharnés contre le Fatah, les activistes du Hamas semblaient, mercredi soir, contrôler une grande partie de la Bande de Gaza. Et ce jeudi matin, les affrontements se poursuivaient faisant de nouveaux blessés.
La bataille de Gaza a débuté après la prise du quartier général de sécurité de la ville de Khan Younès (sud) par le Hamas qui a fait explosé le bâtiment d’une bombe d'une demi-tonne.
Le Mouvement de la résistance islamique a ensuite pilonné au mortier et à l'arme automatique les trois principales casernes de sécurité de Gaza, appelant les forces assiégées, proches du Fatah, à se rendre. Dans l'un des cas, plusieurs centaines d'hommes qui avaient combattu férocement durant deux jours ont dû rendre leurs armes aux militants masqués du Hamas. Ces derniers les ont ensuite conduits les bras levés dans une mosquée voisine.
La résidence du président Mahmoud Abbas et le QG de la Sécurité préventive étaient également attaqués par des tirs.
Le président de l'Autorité palestinienne a qualifié ces violences de « folie ». Depuis la Cisjordanie, il a prié Khaled Mechaal, le chef en exil du Hamas, de faire cesser les attaques de son mouvement, mais les combats se sont poursuivis.

Pour la paix

Mercredi, au moins 13 personnes ont trouvé la mort, dont sept militants et un homme qui participait à une manifestation pacifique à Gaza. Selon des témoins, il aurait été abattu par des hommes du Hamas.
La stratégie du Hamas : l’encerclement. Mercredi, le mouvement est parvenu à s’emparer de plusieurs postes de contrôle sur le principal axe nord-sud du territoire. Les voies d'approvisionnement de son « partenaire » au sein d'un gouvernement d'union nationale à l'agonie ont ainsi été coupées.
Face à un Fatah désorganisé dont les commandants dénoncent l'indécision et le manque de consignes claires du président Abbas, le Hamas semble suivre un plan précis. Entré dans une phase décisive, le mouvement ne tient plus compte des appels au respect d'un très théorique cessez-le-feu.

« Ne tirez pas »

Une atmosphère chaotique qui oblige les habitants à se terrer chez eux, alors que l’aide alimentaire internationale dont dépendent 30% de la population locale ne peut plus être acheminée.
Face à l'intensification des violences, certains tentent de réagir. A Gaza, des centaines de chefs tribaux mais aussi des femmes, des enfants et des militants du Djihad islamique se sont rassemblés à l'initiative de médiateurs égyptiens, clamant « Ne tirez pas » et « Union nationale ».
Selon des témoins, des hommes masqués du Hamas ont tiré en direction de la foule lorsque des manifestants se sont approchés de la maison d'un commandant du Fatah, membre du clan Bakr.
Au même moment, dans le camp de Khan Younès, un millier de personnes manifestaient leur colère, mais le Mouvement de la résistance islamique n’a pas hésité à ouvrir le feu, tuant un homme des forces de sécurité liées au Fatah.

A quand la fin du bain de sang?

Alors que les violences entre les deux factions se poursuivent ce jeudi, certains craignent à présent une extension des combats en Cisjordanie, alors que les deux camps renforcent leurs arsenaux grâce au trafic d'armes qui transitent par des tunnels sous la frontière avec l'Egypte.
Mahmoud Abbas et le Premier ministre Ismaïl Haniyeh (Hamas) ont convenu de la nécessité de mettre fin au bain de sang.
Le Hamas a précisé qu'il ne s'agissait pas, de la part des deux dirigeants, de l'annonce d'une trêve mais d'une volonté commune de faire taire les armes.
Un responsable du Hamas, Sami Abou Zouhri, a pour sa part déclaré que ses compagnons d'armes ne cesseraient pas le combat de sitôt.

Francebourse.com