L’odeur est pestilentielle et la vue ragoûtante. Les rues de Naples ressemblent à un dépotoir géant où s’entassent depuis la fin de l’année dernière des milliers de tonnes d’ordures.
Toute l’Italie ne parle plus que de cette « tragédie des déchets », selon les termes mêmes du président de la République italienne Giorgio Napolitano.
La cause de ses désagréments : un conflit social peu avant Noël qui a entraîné la fermeture de centres de retraitement. Des décharges qui sont, de toute façon, dans la région de Naples, saturées. En outre, certains centres de retraitements des déchets ont déjà été fermés par la justice en raison de leur infiltration par la mafia Camorra.
Naples et sa périphérie sont régulièrement envahies par les ordures depuis 1994, en raison notamment de l’insuffisance des centres de retraitement. Depuis, l’Etat a dépensé un milliard d’euros et nommé huit commissaires ad hoc qui se sont succédé pour régler la crise sans que la situation ne s’améliore.
Cette fois-ci, la crise s’enlise, les autorités locales se montrant incapables de s’en sortir seules. Et la population est exaspérée. Cette nuit, les pompiers de Naples ont indiqué avoir éteint 90 incendies de tas de déchets en région Campanie, des incendies déclenchés par des habitants excédés par l’accumulation de montagnes d’ordures sous leurs fenêtres et par l’odeur nauséabonde due à la chaleur de ces derniers. D’autres se sont servis des déchets pour bloquer des rues. A leur grand mécontentement, les services publics, police ou pompiers, sont intervenus rapidement alors que le ramassage des ordures en temps normal n’est pas assuré.
Une partie des déchets de la Campanie, environ 100 000 tonnes, pourrait être envoyée par train vers l’Allemagne, ce qui mécontente le pays et ne règle pas la question.
Le gouvernement a fait de ce sujet épineux un des principaux défis de sa mandature. Selon le journal La Repubblica, le nouveau chef du gouvernement Silvio Berlusconi devrait désigner « une dizaine de sites » en région Campanie pour y installer des décharges lors du Conseil des ministres de mercredi. Mais de là à construire une décharge le pas est grand. Naples a buté sur l’hostilité de la population quant il a proposé la réouverture d’une décharge située dans la périphérie ouest de Naples, fermée depuis 1996 mais distante d’environ 300 mètres des premières habitations.
Le gouvernement devrait également confirmer le recours à l'armée pour aider à résoudre la crise, une mesure déjà prise par son prédécesseur Romano Prodi.
Cette situation est aussi dans le collimateur de Bruxelles qui estime que la situation dans la région de Naples constituait « une infraction à la législation communautaire ».
