Alors que Naples croule sous les déchets qui s’entassent dans ses rues, la décharge au cœur des toutes les polémiques, à l’ouest de la ville, est restée occupée cette nuit par des manifestants et on a recensé plusieurs affrontements avec notamment deux bus qui ont été brûlés pour bloquer le site.
Les manifestants s’opposent à réouverture de la décharge de Pianura, fermée depuis 1996 mais distante d’environ 300 mètres des premières habitations, que le gouvernement a décidée pour absorber les ordures en souffrances - plus de 110 000 tonnes accumulées dans les rues de Naples et de sa région. Dans la ville même, 5 200 tonnes d'ordures ont été déversées dans les rues et ce chiffre augmente de 800 tonnes par jour.
Or la population voisine de cette décharge dénonce les nuisances qui résulteraient de sa remise en marche.
Quand bien même, le problème est plus profond que cette question de réouverture. Naples et sa périphérie sont régulièrement envahies par les ordures depuis 1994, en raison notamment de l’insuffisance des centres de retraitement. Le gouvernement italien entend se saisir de ce dossier. Mais depuis cette 1994, l’Etat a dépensé un milliard d’euros et nommé huit commissaires ad hoc qui se sont succédé pour régler la crise sans que la situation ne s’améliore. Les décharges sont, de toute façon, dans la région de Naples, saturées. En outre, certains centres de retraitements des déchets ont déjà été fermés par la justice en raison de leur infiltration par la mafia Camorra.
Le gouvernement de Romano Prodi doit annoncer dans la journée des mesures destinées à résoudre « de façon radicale » la crise des déchets. D’ores et déjà, le ministre de l’Environnement a demandé l’envoi de l’armée pour participer à la collecte des ordures.
Cette situation est aussi dans le collimateur de Bruxelles qui a engagé en juin des poursuites contre l’Italie, estimant que la situation dans la région de Naples constituait « une infraction à la législation communautaire ».
