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France : L’interview d’Hervé Novelli sur le déficit commercial

Article du 04/02/2008

Dans une entretien exclusif à l’AFP, Hervé Novelli, le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, recommande de mener des « réformes structurelles » pour faire grossir les entreprises françaises et favoriser l’innovation et ainsi résoudre le problème de son déficit commercial chronique.

Jeudi prochain, l’INSEE va annoncer un nouveau déficit commercial record pour 2007, autour de 40 milliards d’euros; comment expliquez-vous ce chiffre ?

Hervé Novelli : En 2006 déjà, on a eu un déficit historique, qui renvoyait à un autre déficit record, en 2005. Ce n’est donc pas nouveau. L’aggravation est liée cette année à une dégradation de notre solde industriel. La facture pétrolière demeure importante, explique une partie du déficit commercial, mais elle n’explique pas tout, et en tout cas ne pèse pas plus lourd qu’en 2006.
Le creusement du déficit commercial est lié à l’aggravation de notre solde industriel, notamment dans le secteur automobile, qui aujourd’hui pèse, parce que les constructeurs automobiles français exportent moins qu’avant : il y a des problèmes de gammes, de cadencements, de nouveaux modèles.

Quelles réponses comptez-vous apporter pour remédier au problème ?

Hervé Novelli : Là où nous accusons un déficit, d’autres enregistrent un excédent qui leur permet de payer et de compenser la facture énergétique. Je pense notamment à l’Allemagne. Dans ce pays, il y a deux fois plus d’entreprises de 500 salariés ou plus qu’en France, qui ont donc de plus grandes capacités pour exporter. Les Allemands innovent aussi plus que nous, et sont davantage tournés vers les marchés émergents comme la Chine, alors que la France était historiquement tournée vers l’Afrique.
Il faut isoler quels sont les facteurs gagnants de l’Allemagne, et à partir de là, mener une politique qui tendra à nous doter des mêmes facteurs.
Je vais mettre en place des indicateurs très précis sur un certain nombre de points, qui sont autant de faiblesses de notre économie et de nos entreprises. J’ai l’intention de mettre tout à plat. On ne rétablira pas d’un coup de baguette magique le commerce extérieur. Il faut mener une politique structurelle en France qui aura des conséquences sur notre capacité à exporter.

Une telle politique n’a donc pas été menée ces dernières années ?

Hervé Novelli : On n’a peut-être pas fait un diagnostic aussi aigu que je peux le faire aujourd’hui, parce que le solde industriel restait positif, même s’il se dégradait depuis 2000.
Cette dégradation est d’ailleurs liée, d’après plusieurs économistes, aux 35 heures, qui ont des conséquences sur la compétitivité de notre économie.
Les choses peuvent être rétablies à condition que nos exportations puissent accélérer. Pour exporter mieux, il faut des produits nouveaux, donc une politique de l’innovation. Il faut aussi être moins cher, ce qui renvoie à notre compétitivité en matière de coûts salariaux. Nous avons déjà commencé de mener une politique structurelle, dans les domaines de l’innovation, de la fiscalité, du coût du travail. Nous allons la poursuivre.



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