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Turquie : Eviter l’emballement militaire

Article du 23/10/2007

Après les affrontements de dimanche entre rebelles kurdes et militaires turcs dans le nord de l’Irak, combats qui ont fait plusieurs dizaines de victimes, la réunion d’aujourd’hui est attendue avec espoir.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan, doit rencontrer à Bagdad le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, le président Jalal Talabani et son homologue irakien, Hoshyar Zebari.
Ces tractations irako-turques semblent cruciales pour éviter une incursion militaire de la Turquie visant à éliminer les bases des rebelles kurdes dans le nord de l’Irak. Pourtant, Ankara a prévenu la semaine dernière : le Parlement a donné son accord à une intervention militaire dans le Kurdistan irakien frontalier, pour y éliminer des bases de rebelles du Parti des Travailleurs du Kurdistan. Le PKK, créé en 1978, a lancé en 1984 sa lutte armée pour la création d’un Etat kurde indépendant dans le Sud-Est anatolien. Il a intensifié ses opérations après avoir mis fin en 2006 à une trêve unilatérale. Selon un bilan officiel, les violences liées au conflit ont fait plus de 37 000 morts.
Mais aujourd’hui, l’heure est à la recherche de l’apaisement. « Nous agirons avec l’esprit calme », déclarait dimanche Recep Tayyip Erdogan. Hier en visite au Koweït, Ali Babacan a assuré que son pays chercherait à résoudre par le dialogue le problème des séparatistes kurdes avant d’envoyer des troupes en Irak.
Côté kurde, les avancées vers un compromis semblent également là. Hier soir, le PKK a annoncé qu’il était disposé à respecter un cessez-le-feu si l’armée turque renonçait à ses projets d’incursion et si l’Etat turc respecte les droits politiques et culturels de la minorité kurde en Turquie. « Nous sommes prêts à observer un cessez-le-feu si l’armée turque arrête d’attaquer nos positions, abandonne ses projets d’incursion et s’engage à la paix », indiquait le parti dans une déclaration sur un site Internet.
Aujourd’hui, dans la capitale irakienne, l’émissaire turc devrait réitérer sa demande au pouvoir central d’agir pour empêcher que le PKK ne lance des opérations à partir du Kurdistan irakien, mais l’armée de Bagdad n’est pas déployée dans cette région qui est sous le contrôle des autorités régionales kurdes.

L’attitude américaine vis-à-vis du Kurdistan

Aux Etats-Unis, ces tensions irako-turques, outre qu’elles alimentent la flambée du pétrole, inquiètent. Washington redoute qu’une incursion turque dans le nord de l’Irak ne déséquilibre une des rares régions d’Irak relativement épargnée par l’instabilité.
C’est pour cela que le président américain George Bush a appelé son homologue turc Abdullah Gül et l’a assuré de l’engagement américain à coopérer avec la Turquie pour combattre les rebelles, selon la Maison Blanche.
Dans un entretien publié par le Times, Recep Tayyip Erdogan avait accusé les Etats-Unis d’immobilisme face au PKK. « (...) Dans le nord de l’Irak, nous sentons que l’organisation terroriste et l’administration locale (le gouvernement kurde) s’abritent derrière l’Amérique ».
Mais aujourd’hui, le discours est bien différent. Le Premier ministre turc affirme que la Turquie et les Etats-Unis pourraient lancer une opération militaire conjointe contre les repaires des séparatistes kurdes de Turquie, dans des déclarations à des journalistes publiées ce matin.
Il a également eu des entretiens distincts avec le Premier ministre irakien et ils sont convenus « d’empêcher le PKK de se servir d’une partie quelconque du territoire irakien pour projeter ou mener des attaques terroristes ».
La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a appelé l’Irak et le gouvernement autonome du Kurdistan irakien à prendre « des mesures immédiates » pour mettre un terme aux opérations du PKK à partir du nord du pays. Elle a aussi été en contact avec le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani.
Recep Tayyip Erdogan doit se rendre à Washington début novembre. Il s’entretiendra de la question du PKK avec le président américain.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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