A 89 dollars, le baril de pétrole s’envole vers des niveaux jamais atteints. Le prix d’un baril de « light sweet crude » pour livraison en novembre a grimpé en séance jusqu’à 89 dollars exactement sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Les cours se sont ensuite repliés et ont finalement terminé en baisse de 21 cents à 87,40 dollars à New York.
A Londres, le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en décembre a en revanche lâché 42 cents à 83,13 dollars, après être grimpé jusqu’à 84,43 dollars, échouant à quelques cents de son record historique de la veille (84,49 dollars).
En à peine plus d’une semaine, les cours de l’or noir ont engrangé plus de 10 % à Londres et plus de 12,5 % à New York. Sur un an, ils ont bondi de quasiment 50 % aux Etats-Unis, et de plus de 35 % à Londres.
Ces jours derniers, le prix du pétrole a été dopé par la montée des tensions géopolitiques entre la Turquie et l’Irak d’une part, et les Etats-Unis et l’Iran d’autre part.
Le Parlement turc a en effet voté une motion autorisant pour un an le gouvernement à lancer, si nécessaire, des incursions militaires contre les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) réfugiés dans le nord de l’Irak.
Moins d’une heure après le vote du Parlement turc, le président américain George Bush a fait monter d’un cran la tension géopolitique en évoquant le risque d’une « troisième guerre mondiale » si l’Iran se dotait de l’arme nucléaire. Les propos de George Bush faisaient suite à une mise en garde de la Russie contre toute action militaire visant le programme nucléaire de Téhéran.
Ces déclarations interviennent sur un marché déjà très nerveux à l’idée que les approvisionnements mondiaux s’avèrent insuffisants cet hiver. Le département américain de l’Energie (DoE) a annoncé une hausse de 1,8 million de barils des réserves de brut la semaine achevée le 12 octobre, ainsi qu’une forte progression des réserves d’essence, de 2,8 millions de barils. Même les réserves de produits distillés (gazole et fioul de chauffage) ont augmenté d’un million de barils.
Ces tensions géopolitiques préoccupent le marché et bien que l’impact sur les livraisons de brut irakien d’une intervention militaire soit pour l’heure jugé limité, les investisseurs s’inquiètent d’une déstabilisation plus large de la région.
A ces facteurs haussiers s’ajoutent le redoublement d’activité des spéculateurs depuis une semaine, la faiblesse du dollar (qui augmente le pouvoir d’achat des investisseurs hors zone dollar et stimule la demande) ou encore la passivité apparente de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Le cartel pétrolier, qui pèse plus d’un tiers de l’offre mondiale, persiste à penser que les fondamentaux du marché ne justifient pas les prix actuels, et ne donne aucun signe de s’apprêter à fournir plus de brut au marché que les 500 000 barils par jour déjà promis à compter du 1er novembre.