Economie mondiale : La crise financière, la faute au système des primes pour les banquiers
Article du 25/03/2008
L’actuelle crise financière puise en grande partie son origine dans le système « déraisonnable » des primes aux banquiers qui les pousse à prendre trop de risques. C’est le constat sans appel du prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz dans une interview publiée hier dans le quotidien britannique The Independent. « Le système des indemnités a très certainement contribué d’une manière importante à la crise. Il a été conçu pour encourager la prise de risques mais il a encouragé la prise de risques excessifs. En fait, il les paie à faire des paris », déclare l’économiste américain. « Quand les choses tournent bien, ils s’en tirent avec des primes énormes. Quand les choses tournent mal, comme maintenant, ils ne partagent pas les pertes. Même s’ils perdent leur emploi, ils s’en sortent avec d’importantes sommes d’argent », ajoute-t-il.
Sa solution : non pas « plafonner les primes mais de faire en sorte que les pertes soient partagées, tout comme les bénéfices, par exemple bloquer les primes pendant dix ans : s’il y a des pertes la deuxième, la troisième ou la quatrième année, les primes seraient réduites de manière appropriée ».
Mais les banquiers et autres traders ne sont pas seuls responsables de la crise financière, accuse Joseph Stiglitz. La faute revient également aux autorités de régulation financières qui « n’ont pas fait ce qu’elles auraient dû faire ». Les marchés financiers ont été « mauvais dans l’évaluation des risques ». « Ils n’ont pas compris la nature du risque systémique (et) sous-estimé les corrélations », juge-t-il. « Les réglementations elles-mêmes n’ont pas suivi les innovations intervenues sur les marchés financiers ».
