La réunion est de la plus haute importance. Le 17e congrès du Parti communiste chinois sera analysé de près par les observateurs de la vie politique et économique.
Sur le plan politique tout d’abord, ce grand raout s’est ouvert sur fond de surveillance et de répression. Les organisations des droits de l'Homme ont en effet dénoncé le renforcement de la répression à l’encontre des dissidents (arrestations, fermetures de blogs, …). Pour Human Rights Watch, la police fera de même l’année prochaine pour les Jeux Olympiques, ainsi que pour le 60e anniversaire de la Chine communiste en octobre 2009, pour assurer l’ « harmonie sociale ». Malheureusement, la préparation des grands événements politiques en Chine s’accompagne souvent de campagnes de répressions à l’égard des dissidents et des pétitionnaires. Ces derniers sont des citoyens venant des provinces qui se rendent à Pékin pour dénoncer des abus dont ils ont été victimes.
Dans cette ambiance cependant, le numéro un chinois Hu Jintao, secrétaire général du Parti communiste, également président de la République, a ouvert cette semaine politique avec un discours de près de deux heures et demie devant quelque 2 200 délégués réunis pour une semaine au Palais du Peuple, placé sous haute sécurité.
D’une voix monocorde, vêtu d’un costume bleu foncé et d’une cravate au rouge dominant, Hu Jintao a martelé son credo d’ « harmonie sociale » sous les applaudissements polis d’un parterre acquis à sa cause, en surface au moins.
Si l’agence de presse Chine Nouvelle a relevé qu’il avait prononcé le mot « démocratie » 60 fois, Hu s’est bien gardé de surprendre les observateurs. « La réforme politique doit s’approfondir au fur et à mesure du développement économique et social (...) au rythme du développement du socialisme », a-t-il déclaré en soulignant le « rôle moteur du Parti communiste chinois dans la maîtrise de l’ensemble de la situation et la coordination de l'action de toutes les parties ».
Le leader chinois, qui a brandi « bien haut l’étendard du socialisme », a insisté sur la « participation des citoyens » qui sera étendue « de manière ordonnée » sans pour autant évoquer un quelconque passage à un système démocratique parlementaire de type occidental.
Hu Jintao a proposé d’améliorer « le système de consultation politique, de droit de regard démocratique, de participation aux affaires politiques ». Il s’agit de « parvenir progressivement à élire, dans les agglomérations urbaines et les régions rurales, les députés et représentants des assemblées populaires » mais il faut aussi « accroître la capacité du Parti à exercer le pouvoir » et éviter toute « précipitation », a-t-il déclaré.
Le chef d’Etat a également demandé une meilleure application de la Constitution et des lois ainsi qu’un système de gouvernance plus efficace et qui annihile la corruption qui menace « la survie du Parti ».
Sur le plan économique, le discours de Hu Jintao a prôné un « développement équilibré pour assurer une croissance saine et rapide » du géant asiatique, troisième économie de la planète.
Sans annoncer de mesures phares, il a tout de même souligné qu’en dépit de progrès « extraordinaires », il restait « un écart non négligeable entre ce que nous avons réalisé et ce que le peuple attend de nous ». Outre la question de la « répartition des revenus », il a également énuméré les problèmes à résoudre liés à l’emploi, à la protection sociale, à la santé et à l’éducation.
Enfin, sur le plan de la diplomatie, Hu Jintao a voulu, dans son discours, rassurer les « compatriotes » de Taiwan et a émis le souhait d’ « un accord de paix » avec l’île, considérée comme une province rebelle par la Chine. Dans le même temps, il a fait comprendre que le Parti ne tolèrerait pas l’indépendance de Taiwan, à quelques mois d’un référendum prévu par le président taïwanais Chen Shui-bian sur le retour de l’île aux Nations unies.
