Economie mondiale : La santé de l’économie américaine inquiète la Banque du Japon

Quand les Etats-Unis s’enrhument, le Japon éternue. La contagion de la crise financière est en effet à l’œuvre. L’économie américaine frôle le marasme, accumulant les mauvaises nouvelles - et quelques unes moins mauvaises que prévues. Au Japon, les craintes d’une récession sont de plus en plus palpables.
« La conjoncture économique des Etats-Unis est maussade et il existe une considérable incertitude pour estimer quand et comment la spirale négative entre les structures financières, les cours des actions et l’économie vont se calmer », s’inquiètent les membres du comité de politique monétaire de la Banque du Japon, selon les minutes de leur réunion des 14 et 15 juillet publiées aujourd’hui.
Ils aimeraient bien voir la fin du tunnel mais jugent que la crise des prêts hypothécaires à risque, déclenchée un an auparavant aux Etats-Unis, est malheureusement loin d’être finie, les prix de l’immobilier continuant de baisser.
« Les marchés financiers restent instables du fait de craintes vivaces de nouvelles pertes dans le institutions bancaires américaines et européennes, et à cause de la flambée des cours du pétrole », soulignait la banque centrale nippon mi-juillet. Un jugement toujours d’actualité.
Du coup, cette agitation menace l’économie japonaise dont la résilience a peut-être atteint ses limites. Le PIB du Japon a régressé de 0,6 % au deuxième trimestre (avril à juin) par rapport au précédent. Au premier trimestre 2008 (janvier à mars), le PIB japonais avait crû de 0,8 % par rapport aux trois mois précédents. Selon la définition la plus couramment admise, la récession est caractérisée par au moins deux trimestres consécutifs de recul du PIB.
La faute à la faiblesse des exportations. Celles-ci ont chuté, notamment vers les Etats-Unis. Au cours de la période d’avril à juin derniers, la valeur des biens et services japonais expédiés à l’étranger a fléchi de 2,3 % par rapport au premier.
Autre facteur aggravant au second trimestre : les secteurs privé et public ont ralenti leur rythme d’investissement. Les entreprises, notamment les plus petites d’entre elles, dont les marges sont rétrécies par la hausse des coûts d’approvisionnement, se sont en effet montrées moins enclines à investir. Leurs investissements ont dans l’ensemble diminué de 0,2 % sur un trimestre. La contraction des commandes publiques, du fait de contraintes budgétaires, a aussi pesé négativement.
La consommation intérieure est également en berne, sur fond de perte de confiance, d’inflation des prix et de stagnation des salaires. La consommation a décliné de 0,5 %, les Japonais se montrant plus précautionneux, alors que leurs émoluments ne suivent pas la même progression que les prix des marchandises de première nécessité, lesquels ont tendance à grimper du fait de l’envolée des cours de l’énergie et des matières premières. La hausse des prix à la consommation a atteint en juin son plus haut niveau depuis une dizaine d’années, à 1,9 %, principalement à cause de l’alimentation et de l’énergie. De plus, les salaires n’ont pas suivi à la hausse, déplorait récemment devant la presse le Secrétaire d’Etat à la Politique budgétaire et économique, Kaoru Yosano.
Récemment, le gouvernement japonais se voulait optimiste. « Même si l’évolution du PIB a été négative au deuxième trimestre, l’économie japonaise n’est pas si déprimée », assurait le secrétaire d’Etat Yosano. Le gouvernement prévoit toujours une croissance de 1,3 % pour la période d’avril 2008 à mars 2009.
Reste que la plus longue phase d’expansion économique que le Japon (78 mois de croissance économique) a connue depuis 1945 semble bel et bien terminée.

Francebourse.com, avec AFP