Sans surprise, la Fed a une fois de plus baissé son taux directeur
Article du 02/05/2008
La Réserve fédérale américaine a, mercredi soir, abaissé comme prévu son taux directeur d’un quart de point, à 2 %. Cette nouvelle révision du taux à la baisse est destinée à contrer la faiblesse de la première économie mondiale mais, alors que certains chiffres offrent une meilleure approche de la conjoncture économique du pays, cette décision pourrait être la dernière avant pas mal de temps.
La Fed a en effet prudemment laissé entendre qu’elle pourrait en rester là lors de ses prochaines réunions. La banque centrale estime que les baisses de taux massives décidées depuis l’été - elle a réduit son taux directeur de 3,25 points au total depuis l’été -, combinées aux mesures destinées à soutenir la liquidité des marchés, « devraient aider à promouvoir une croissance modérée » et « atténuer les risques pour l’activité économique ». Elle va donc observer les effets de ces différentes mesures et agira plus tard, si besoin est. Une pause répondrait également aux inquiétudes de plusieurs de ses membres qui jugent la menace inflationniste prioritaire. Deux responsables ont ainsi voté contre la baisse de mercredi, comme ils l’avaient déjà fait en mars.
Et sur l’inflation, la banque centrale a délivré un message un peu plus pessimiste. Certes les derniers indicateurs sur l’inflation de base (hors alimentation et énergie) se sont « légèrement améliorés » et la Fed reste convaincue que l’inflation va se modérer au cours des prochains trimestres. Mais les incertitudes en la matière restent « élevées », compte tenu de la hausse des prix de l’énergie et des matières premières. Surtout, les attentes de relance de l’inflation chez les industriels et le grand public semblent avoir progressé ces derniers mois, ce qui risque de poser un vrai casse-tête aux banquiers centraux.
Reste que, dans son communiqué, la Fed n’a pas été très claire sur l’attitude qu’elle allait adopter dans les mois à venir et les interprétations variées se sont enchaînées depuis mercredi soir.
Pour l’économiste Stephen Gallagher, de la Société générale, la pause annoncée par la Fed est en fait « non-contraignante ». « Elle ne doit pas être interprétée comme la fin des baisses de taux d’intérêt », estime-t-il. « Essayer de comprendre ce communiqué ressemble beaucoup à essayer de comprendre ce que dit la Bible », s’interroge Robert Brusca de FAO Economics. « Le phrasé reste obscur, mais c’est clair que la Fed reste prête à agir ».
La Fed a d’ores et déjà ramené son taux directeur à 2 % en le baissant d’un quart de point. La banque centrale a également abaissé d’un quart de point son taux d’escompte, utilisé par les banques en cas d’urgence, pour le ramener à 2,25 %.
La Fed a justifié sa décision par la faiblesse de l’activité économique, notamment la détérioration du marché de l’emploi et la morosité des dépenses des ménages et des entreprises. De plus, « les marchés financiers restent soumis à des tensions considérables, et le resserrement des conditions du crédit ainsi que l’aggravation de la contraction du marché immobilier risquent de peser sur la croissance économique au cours des prochains trimestres », a ajouté le comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed dans un communiqué.