SDF : François Fillon annonce un "contrat" gouvernement-associations
Article du 18/12/2007
Le froid et l’opération de l’association Les Enfants de Don Quichotte ont relancé ce week-end le débat sur l’hébergement des sans-abri. Hier, la ministre du Logement et de la Ville Christine Boutin recevait les associations défendant les droits des sans-abri. C’est aujourd’hui au tour du Premier ministre François Fillon.
Le Premier ministre a annoncé qu’un « contrat » sera soumis par le gouvernement aux associations d'aide aux sans-abri et signé le 15 janvier « avec l'objectif que des personnes ne soient pas contraintes de dormir dans la rue ».
« On a décidé avec Christine Boutin et Martin Hirsch de nommer dès demain un parlementaire en mission dont l'objectif va être avant le 15 janvier de rédiger une sorte de contrat entre les associations et le gouvernement avec des objectifs précis de résultats sur les sujets d'hébergement d'urgence en particulier », a déclaré François Fillon à l'issue d'une réunion avec les associations de plus d'une heure et demie.
« Le 15 janvier je réunirai à nouveau les associations dans les mêmes conditions pour se mettre d'accord sur ce contrat », a-t-il ajouté.
Sans vouloir tout « reprendre à zéro », François Fillon entend « fixer des objectifs plus concrets et plus précis et un calendrier plus court ».
Ce contrat se fondera sur les conclusions de la réunion de consensus de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) - qui regroupe 800 associations d'accueil et de réinsertion sociale - qui s'est tenue fin novembre.
La FNARS assistait avec plusieurs autres associations dont Emmaüs et les Enfants de don Quichotte à la table-ronde organisée à Matignon, en présence de la ministre de la Ville Christine Boutin et du haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté Martin Hirsch.
Polémique sur le nombre de places d'hébergement
Augustin Legrand, porte-parole des Enfants de Don Quichotte, a dénoncé les « promesses non tenues » par le gouvernement. En janvier dernier, Jean-Louis Borloo, alors ministre de la Cohésion sociale, avait promis 27 100 places d’hébergement dans le cadre du plan d'action pour l'hébergement des SDF (Parsa). Mais Augustin Legrand et les associations soutiennent que seulement 14 000 places ont été dégagées, tandis que Christine Boutin répète qu' « il reste des places d'hébergement libres ».
« Le plan d'action 2007 a été respecté », assure la ministre qui reconnaît toutefois qu'il manque encore 6 000 places de maisons-relais - chargées de faire la transition vers le logement social - sur les 12 000 promises mais argue du fait que « la construction de logements, ça demande un petit peu de temps ».
Mais face au froid et à la détresse des sans-abri, difficile de prendre son temps. « Toutes ces dernières semaines, les centres étaient saturés et que le 115 refusait des demandes », a souligné l’association Don Quichotte lundi matin. « Depuis deux jours, des gymnases sont ouverts ce qui diminue fortement le nombre de non réponses mais pour combien de temps? Qu'en sera-t-il quand le thermomètre aura gagné quelques degrés et que les gymnases fermeront? », a-t-elle poursuivi.
Pour Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre, « il ne faut pas réduire la question à cette polémique sur les chiffres du Parsa ». « On est encore en train de bricoler, dit-il, mais il faut aller bien au-delà de la question de l'hébergement d'urgence ».
Christophe Robert, qui avait déjà discuté de la problématique avec François Fillon le 20 novembre dernier, avec les autres associations - ATD Quart Monde, Emmaüs, le Secours catholique et les Don Quichotte - espère mardi « un signal fort d'un gouvernement qui s'engage ». « Car, souligne-t-il, au delà du Parsa se pose la question de l'impossibilité de mettre en oeuvre le Dalo (Droit au logement opposable) ».
François Fillon a admis que « la mise en œuvre » de la loi sur le Dalo et du plan d'action pour l'hébergement des SDF (Parsa) de janvier 2007 « se heurtent à des résistances et à des obstacles ».
« On est d'accord avec les associations pour trouver ensemble les moyens de réduire complètement ces obstacles », a-t-il fait valoir.