Banlieues : La France craint un embrasement après une deuxième nuit de violences
Article du 27/11/2007
Des affrontements violents ont embrasé une banlieue au nord de Paris dans la nuit d’hier à aujourd’hui, faisant plus de 80 blessés parmi les policiers, suscitant la crainte d’une répétition des émeutes urbaines que la France a connu à l’automne 2005.
Une centaine de jeunes, le visage dissimulé par des cagoules, ont jeté dans la nuit des projectiles ou tiré sur les policiers qui ont répliqué à coups de flashball et de gaz lacrymogène. Au total, 63 voitures et cinq bâtiments ont été incendiés à Villiers-le-Bel, à une vingtaine de kilomètres de Paris, et dans six communes proches.
Le président Nicolas Sarkozy doit réunir demain François Fillon et plusieurs ministres, suite à ces violences déclenchées après la mort dimanche de deux adolescents dans une collision entre leur mini-moto et un véhicule de police à Villiers-Le-Bel.
François Fillon s’est rendu sur place ce matin et a annoncé que des renforts de police anti-émeutes seraient déployés dans la soirée. Il faut « tout faire », a-t-il souligné, pour éviter une contagion des violences comme en 2005, où tout le pays avait été touché par trois semaines d’émeutes et l’état d’urgence instauré.
L’un des principaux syndicats de police, Synergie, a estimé qu’un cap avait été franchi avec l’utilisation d’armes contre les policiers, dont un fusil de chasse. Il a estimé que le niveau de violences était « supérieur » à 2005.
Dans l’opposition, on déplore qu’ « aucune leçon n’a été tirée » des émeutes de 2005. Le député socialiste Arnaud Montebourg a mis en cause « une restriction, un désengagement des services publics, de l’Etat » dans les banlieues. Il y a deux ans, les violences avaient éclaté après la mort dans un transformateur électrique de deux jeunes poursuivis par des policiers dans une ville de banlieue parisienne.
A l’époque, Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur. Ses propos, quelques mois auparavant, sur la nécessité de « nettoyer » les banlieues et l’utilisation du terme « racaille » avaient attisé la colère des jeunes.
Pour le quotidien de gauche Libération, le gouvernement « joue l’apaisement, à l’inverse de la crise de 2005 ». François Fillon a téléphoné hier aux parents des deux adolescents décédés pour leur assurer que tout serait fait pour rechercher la vérité. Le chef de l’Etat pourrait également recevoir leurs familles.