C’est sur un bilan mitigé que s’achèveront samedi les soldes d’été dans la plupart des départements. Le soleil n’a pas été au rendez-vous et les petits commerçants en ont quelque peu fait les frais. En revanche, les grands magasins et certains sites Internet ont réussi à tirer leur épingle du jeu.
« Dans l'ensemble, le résultat est plutôt positif, nous avons réalisé des hausses de 8 à 10% de chiffre d'affaires », se félicite Frédéric Willems, de la Fédération nationale de l'habillement (FSH) qui représente les commerces d'habillement indépendants.
Même tonalité du côté du Conseil national des succursalistes de l'habillement (CNSH), dont le président Lucien Odier souligne les « excellents chiffres » réalisés pendant la période des soldes. Seul bémol, du fait de la météo, maillots de bain, shorts, tee-shirts, sandales leur restent sur les bras. Les ventes ont concerné « surtout des produits de demi-saison au détriment des articles d'été ». Des produits « plus lourds, donc plus chers » qui ont gonflé les chiffres d'affaires. -50%, -70%, -90%, en pratiquant des démarques toujours plus fortes, les commerçants ont sacrifié leurs marges, « ce qui tempère les bons chiffres obtenus », explique Frédéric Willems. Et « avec de moins en moins de marge, c'est la santé des entreprises qui est en jeu », s'inquiète-t-il.
Concurrence du net
Selon une enquête réalisée par la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) publiée le 27 juillet, 55% des commerçants de proximité de la capitale se disent « peu ou pas du tout satisfaits ». 40% ont en effet réalisé un moins bon chiffre d’affaire que l’an dernier.
En revanche, les grandes enseignes -comme le BHV, le Printemps, les Galeries Lafayette- ou les galeries commerciales sont eux plutôt satisfaits de leur activité durant la période de soldes. Les ventes des Galeries Lafayette ont augmenté de 14 % boulevard Haussmann et de 11 % en province, indique la porte-parole du groupe, faisant état d'un taux d'écoulement des stocks de 80%. Les ventes des magasins BHV ont pour leur part progressé de 20%.
Les ventes sur le net font également de plus en plus de tort aux petits commerçants. Sur venteprivee.com, les consommateurs ont la possibilité d’acheter des produits à prix cassés toute l’année. Des sites comme Ebay attirent de plus en plus de clients. Le spécialiste de la vente aux enchères sur la toile a vu son chiffre d’affaires progresser de 30% à 1,83 milliard de dollars au second trimestre et a dégagé un bénéfice net en hausse de 50%.
La vente par internet est « incontournable », mais ses pratiques commerciales laissent à désirer, estime Frédéric Willems, qui parle même de « concurrence déloyale ». Pour Lucien Odier, s'il est possible d'acheter sur internet le dimanche, cela doit pouvoir l'être aussi dans un magasin. « Aujourd'hui, je ne prône pas l'ouverture du dimanche, je prône la liberté et l'égalité du commerce pour l'ensemble du commerce », dit-il.
Vers une modernisation des soldes
La FNH et le CNSH souhaitent que le secrétaire d'Etat chargé de la Consommation, Luc Chatel, « clarifie la situation ». Fin juin, ce dernier a annoncé son intention de « moderniser » le dispositif des soldes. Il a notamment mis en avant la nécessité de tenir compte des nouvelles formes de vente comme la vente en ligne. Sur la durée et les dates des soldes, les commerçants semblent unanimes pour la fixation d'une date unique au niveau national l'hiver, mais reconnaissent qu'il est difficile de trouver un consensus pour l'été, en pleine saison touristique.
La CCIP a également pointé du doigt la « concurrence de plus en plus importante » des ventes privées organisées par les boutiques avant les soldes. Une manière d’écouler les stocks d’invendus avant l’heure. Car en théorie, la période de soldes est le seul moment de l’année où les commerçants peuvent vendre à perte.
Pour un tiers des commerçants parisiens interrogés par la CCIP, les soldes ont démarré trop tard (le 27 juin). La moitié estime que la période de six semaines est trop longue et que quatre suffiraient.
