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Plan-de-Campagne : Le dimanche doit-il être un jour comme un autre ?

Article du 27/07/2007
Le débat sur l'ouverture dominicale est relancé. A Plan-de-Campagne, dans la plus vaste zone commerciale de France, située entre Marseille et Aix-en-Provence, cela fait quarante ans que la moitié des 400 enseignes bénéficient de dérogations pour pouvoir ouvrir ce jour là. Mais depuis 1997, le syndicat des commerçants du centre-ville de Marseille, la Sociam, conteste lesdites dérogations devant le tribunal administratif pour « distorsion de concurrence ». Et il a finit par obtenir gain de cause. Le 17 juillet dernier, le tribunal de grande instance d’Aix-en-Provence a interdit d’ouverture dominicale quatre enseignes -Conforama, Castorama, Fly et Tati- de la cette zone de 200 hectares qui attire chaque dimanche des dizaines de milliers de badauds, sous astreinte de 5 000 € par salarié et par infraction constatée. Mais le dimanche 22 juillet, seul Fly affichait porte close.
Le préfet des Bouches-du-Rhône Michel Sappin a finalement accordé vendredi 27 juillet de nouvelles dérogations permettant l'ouverture le dimanche de plusieurs dizaines d'enseignes.
« J'ai déjà signé 45 dérogations qui prennent leur effet aujourd'hui (vendredi). Nous allons en prendre des dizaines d'autres dans les prochains jours », a annoncé le préfet lors d'une conférence de presse. « Tout autre décision serait catastrophique pour la zone », a-t-il ajouté, en évoquant de possibles fermetures et licenciements.
Les nouvelles dérogations sont d'une durée de onze mois, jusqu'au 30 juin 2008. Le préfet a émis le voeu que durant ce délai, partenaires sociaux et élus trouvent un accord pour revenir au « droit commun ». Il a cependant rappelé qu'une loi était en préparation sur le travail du dimanche et qu'on ne savait pas quel sera ce droit commun au 30 juin 2006. Sur les 375 enseignes de Plan-de-Campagne, près de 300 sont concernés par l'interdiction du travail dominical et d'éventuelles dérogations.

Surplus salarial

Salariés, entreprises, détaillants, syndicats et consommateurs : les points de vue s’opposent quant à l’ouverture des commerces le dimanche.
La CGT et CFDT sont les plus farouches opposants à l’ouverture dominicale. Les syndicats dénoncent « l'abus » des dérogations accordées par les municipalités dans le cadre des « cinq dimanche ». En théorie, les commerces ne peuvent obtenir que cinq dérogations par an, souvent utiliser lors des périodes de Noël et de soldes. Dans un entretien au quotidien régional La Marseillaise, Avelino Carvalho, de l'union départementale CGT, a estimé que pour les salariés la banalisation du travail le dimanche signifierait « la fin du surplus salarial, en faisant du dimanche un jour normal ».
A Plan-de-campagne, environ un millier d’emplois découle de cette ouverture dominicale, selon une étude de la chambre de commerce publiée à l’automne. Et les salariés tiennent à leurs surplus salariaux qui représentent 20 à 25% de leur revenu mensuel. Pour défendre leurs intérêts, ils se sont regroupés au sein de l’association Génération Plan.
La ministre de l'Economie Christine Lagarde, chargée de la question de l'ouverture des magasins le dimanche, a envisagé vendredi sur RMC « un système de dérogations » et de « facilités », un dimanche sur deux, ou un dimanche par mois, « selon les agglomérations ».
« On ne veut pas, au détriment d'une catégorie, par exemple les petits détaillants, privilégier les grandes surfaces en périphérie », a assuré la ministre, soulignant le rôle d' « animation » et de « cohésion sociale » exercé par les commerçants en centre-ville.
«Je ne veux pas préjuger, mais je serais très étonnée qu'on arrive à un travail tous les dimanches », a également nuancé la ministre, « je ne pense pas que ce soit jamais un jour comme les autres », a-t-elle ajouté, évoquant le fait que cela restait un « jour de culte ».
La ministre a précisé que le travail dominical serait « seulement sur la base du volontariat », qu'il ne devrait pas faire l'objet de pression sur les salariés de la part de l'employeur et serait « bien entendu » payé en « heures supplémentaires », si cela était le cas.
« Si vous allongez la période de temps dans laquelle on consomme, vous obtenez plus de consommation, moteur principal de croissance », a justifié la ministre.

La « rue des deux samedis »

L’ouverture dominicale est un débat national. En mai dernier, une boutique Mango près de Marseille était contrainte de fermer ses potes ce jour-là. Le tribunal administratif de Paris a annulé fin mai l’autorisation d’ouvrir le dimanche concédé fin décembre par la préfecture à un magasin Louis Vuitton dans le quartier des Champs-Elysées. Dans la rue des Francs Bourgois, surnommée « la rue des deux samedis », c’est tous les dimanches que les commerçants ouvrent leurs portes, passant outre l’interdiction. Début novembre 2006, une quinzaine d’enseignes ont été condamnés par le tribunal de grande instance de Paris, sous la menace d’astreintes de 3 000 à 16 000 euros par infraction. Insuffisant pour convaincre les commerçants qui réalisent entre 28 et 45% de leur chiffre d’affaires de jour là.
Les Français semblent pour leur part être pour l’ouverture dominicale à en croire une étude réalisée par TNS Sofres pour les grandes enseignes parisiennes. En effet 67% des Franciliens pensent que les magasins d’alimentation devraient pouvoir ouvrir plus souvent le dimanche. 66% sont pour l’ouverture des magasins d’équipement de la maison ou encore les magasins de produits culturels et technologiques et 59% aimeraient pouvoir faire leur shopping dans les magasins de vêtements et d’accessoires. Une ouverture dominicale permettrait de faciliter la vie de 48% des Franciliens pour trois raisons. Tout d’abord, les achats dans les grandes enseignes se font généralement en couple ou en famille. Ensuite, ils sont plutôt considérés comme des achats de plaisir et de détente. Enfin, cela permettrait de répondre au manque de temps qui semblent concernés 61% des habitants de la région parisienne. Autre idée à étudier : l'ouverture des enseignes en soirée défendue par 58 % des Parisiens.

Francebourse.com – Manuelle Tilly
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