Chaque année, c’est la même chose. Des rayés bondés et parfois dévastés par l’affluence de badauds en quête des bonnes affaires, des files d’attente interminables devant les cabines d’essayages des magasins des prêt-à-porter féminin, des queues sans fin devant les caisses… On connaît la chanson. Et pourtant, chaque année, les Français et surtout les Françaises en redemandent.
Auchan, Bagnolet, 8h30. A l’ordinaire la grande surface ouvre ses portes et quelques rares locaux déambulent dans les allées à la recherche d’une baguette de pain ou d’une brique de lait. Or ce matin, le hall principal du magasin était déjà bien animé. Quelques dizaines de personnes, vendeurs mais surtout clients, s’affairent autour d’une montagne de cartons. L’espace télévision-vidéo fait un tabac. Les clients sont venus chercher des téléviseurs écrans plats à moindre prix et les rabais atteignent parfois près de 200 euros sur des modèles qui, à l’origine tout de même, en valent plus de 600.
Qu’importe, ces habitants de Seine-Saint-Denis sont venus s’offrir un cadeau pour leur salon. Aux caisses, les vendeuses soupirent et se préparent, dixit, à une « journée intense ».
Ce n’est en effet que le début. La morosité et la fraîcheur de ce printemps doublée de prix attractifs dès le début des soldes devraient attirer les consommateurs dans les magasins pendant tout cette fin de semaine. Si les soldes durent quatre à six semaines, les meilleures affaires partiront sans doute dans les prochains jours et les commerçants misent sur l’effet rabais pour doper leur chiffre d’affaires – les soldes représentent 25 à 30 % du chiffre d’affaires annuel dans l’habillement.
La période des soldes d’été est donc ouverte jusqu’au 7 août pour la plupart des départements (80). Seuls quelques uns devront encore patienter. En Corse par exemple, elle ne commencera que le 11 juillet.
Dans le centre commercial de Bagnolet, outre les salariés qui empruntent ces couloirs pour se rendre sur le lieu de travail, les premières « soldeuses » sont déjà là pour leur journée shopping. Il faut dire que certaines enseignes de mode ont avancé leur heure d’ouverture de 10 heures à 8 heures pour lancer leurs démarques, alors qu’hier la plupart des rideaux métalliques avaient été baissés vers 17 heures pour cause d’étiquetage massif.
Les commerçants proposent en effet dès aujourd’hui des rabais de 30 à 40 % sur leurs stocks accumulés ces dernières semaines – notamment en mai où l’INSEE a noté une chute de 8,5 % des dépenses de consommation en textile cuir. Les Français attendaient sans doute les soldes pour sortir leur carte bleue car ce sont près de 60 % des ménages qui disent attendre cette période pour se vêtir, selon TNS Worldpanel.
Dans certaines enseignes, tout est même fait pour attirer le chaland. Ainsi, la plupart des grands magasins fermeront leurs portes plus tardivement pendant quelques jours.
On s’attend même à des réductions encore plus importantes sur les sites Internet, qui séduisent de plus en plus de clients pressés ou ne pouvant se déplacer dans les magasins « physiques ». Des ristournes de 90 % ne sont pas exclues. Les sites marchands gagnent chaque année 20 % à 30 % de clients supplémentaires. Entre 2005 et 2006, le nombre d’acheteurs sur la toile a progressé de 32 %, selon une étude Médiamétrie. Et en 2008, le chiffre d’affaires de l’e-commerce devrait dépasser 20 milliards d’euros.
A l’internaute habile de savoir où chercher sur la toile. Car que ce soit sur Internet ou dans les rayons des boutiques, le flair de la « soldeuse » est son premier atout. Elle devra aussi compter sur la patience et un peu de chance pour enfin mettre la main sur le petit haut qu’elle avait déniché quelques jours avant, durant son repérage.
Moins de caissières ?
Trois fédérations syndicales du commerce appellent donc les salariés des grands magasins parisiens débrayer aujourd’hui pour dénoncer leurs conditions de travail et réclamer des augmentations de salariales. Les Galeries Lafayette, le Printemps Haussmann et le Bon Marché Rive Gauche sont concernés, selon FO.
