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Lundi de Pentecôte : une minorité au travail

Article du 28/05/2007
Férié pour tous, chômé par certains, travaillé par d’autres. Le lundi de Pentecôte n'est pas un jour comme les autres. Seuls 41% des salariés se sont rendus au travail ce matin, selon un sondage OpinionWay publié vendredi.
Pour la majorité des salariés du public (73%) et des cadres (54%), cette journée de solidarité envers les personnes âgées est chômée. Mais beaucoup des Français « travaillant pour leur compte » (61%), des salariés du privé (52%), ainsi que des agriculteurs, artisans et commerçants (72%) travaillent ce lundi.
Créée en 2004 par le gouvernement Raffarin, après la canicule de l’été 2003 et ses 15 000 morts, la journée de solidarité rapporte chaque année 2 milliards d’euros à l’Etat, dont 60% destinés aux personnes âgées et 40% aux handicapés. Alors qu'elle reste controversée, Xavier Bertrand, ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, a assuré qu'en « aucun cas » le principe de cette journée « ne sera remis en cause ». Toutefois, a-t-il annoncé, une évaluation sera menée au lendemain du lundi de Pentecôte « pour faire le point sur les modalités d'application et voir ce qui peut être amélioré ».
Le point sur ce dispositif.

La journée de solidarité c’est quoi ?

La journée de solidarité est destinée à financer les actions en faveur des personnes âgées, notamment la prévention des risques liés à une nouvelle canicule. Pour les salariés, elle prend la forme d’une journée supplémentaire de travail de sept heures, non rémunéré (soit une augmentation du temps de travail de 0,44 % et baisse du salaire horaire de 0,43 %).
Pour les employeurs, il s’agit d’une contribution patronale assise sur les salaires. Cette journée supplémentaire travaillée n’étant pas rémunérée, l'employeur n'a pas de charge en plus mais doit payer 0,30 % du salaire brut au titre des charges patronales. L’employeur doit modifier les bulletins de paie en ajoutant une ligne supplémentaire mentionnant qu’il s’est acquitté de la contribution de solidarité autonome (CSA).

Est-ce obligatoire ?

Le principe de la journée de solidarité est inscrit dans la loi du 30 juin 2004. Depuis cette date, le lundi de Pentecôte est férié mais non chômé. Cette journée de travail supplémentaire est obligatoire mais sa date est normalement déterminée par un accord d’entreprise et peut donc être fixé un autre jour : un jour férié précédemment chômé autre que le 1er mai, un jour de RTT (dans les entreprises ayant un accord RTT sous forme de jours de repos), ou un jour précédemment non travaillé (ex : un samedi). A défaut d’un accord, elle est fixée au lundi de Pentecôte. Cependant, la loi permet des aménagements, tel le recours au fractionnement en heures sur plusieurs dates. L’emplyeur peut également décider d’offrir une journée de congé supplémentaire à ses salariés.

Qui fait quoi ?

Dans la pratique, les entreprises ont pris des décisions contrastées. La plupart d’entre elles appliquent la loi, mais certaines, en général de grande taille, ont décidé, pour éviter les mécontentements, de faire cadeau à leurs salariés de ce lundi de Pentecôte, tout en s’acquittant de leur contribution obligatoire. Dans les petites entreprises, à défaut d’un accord collectif, la journée de solidarité est souvent fixée au lundi de Pentecôte.

A Matignon, le lundi de Pentecôte ne sera pas travaillé. Dans les services du Premier Ministre, l’obligation prévue à l’article 6 de la loi du 30 juin 2004 prend la forme de la suppression d’une journée de RTT. Il en va de même des ministères de l’Emploi et de la Santé.

L'ensemble des écoles, de la maternelle aux lycées, seront fermées ce jour-là. L’Education nationale a décidé que cette journée était désormais hors du temps scolaire, répartie entre deux demi-journées pendant lesquelles les enseignants se penchent sur le projet d’établissement. En revanche, les élèves peuvent se reposer.

A la SNCF, les sept heures de la journée de solidarité sont réparties sur un an (ce qui correspond à 1,83 minutes de travail en plus chaque jour). Le salarié travaille en fait deux fois trois heures trente en plus. Ce lundi, le trafic est comme celui d'un samedi.

A Air France, le trafic est normal. La Poste est fermée. La circulation des poids-lourds est interdite. La plupart des musées sont ouverts.

Qu’en pensent les syndicats ?

La CFTC est opposée à cette « journée de corvée » qui consiste à « faire travailler gratuitement les gens un jour férié » et a déposé un préavis de grève pour le lundi de Pentecôte. Le syndicat revendique l’abrogation de la loi.
La CGT se prononce contre cette journée qui consiste pour tous les salariés à « travailler plus pour ne rien gagner » et demande « l’abandon pur et simple d’un tel dispositif injuste et inefficace ».
La CFDT estime que la journée de solidarité « fait essentiellement reposer la solidarité sur la contribution des salariés » et « a creusé les inégalités entre les salariés ». « Pour certains, cette journée est prise en charge par l’employeur, d’autres peuvent poser un jour de congé ou une RTT, d’autres enfin sont dans l’obligation de travailler », note la CFDT.
La CGPME avait dans un premier temps salué « cet effort » mais dénonce aujourd’hui « la façon dont cette mesure se met en place dans certaines grandes entreprises publiques ou privées ». « Vider une mesure de solidarité de son sens, par le biais de prétendus aménagements "minutés" pour éviter aux salariés de grandes entreprises publiques de devoir travailler comme les autres, un jour de plus, relève tout à la fois de la plus grande hypocrisie et de la plus profonde injustice », estime la Confédération.
Enfin, le MEDEF est en faveur de cette journée. Laurence Parisot, juge « très bien » que ce lundi soit travaillé et estime que l'État donne « le mauvais exemple » en fermant les écoles et les postes.

Francebourse.com - Manuelle Tilly
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