Japon : La crise de succession s’envenime à la BoJ
Article du 12/03/2008
Rien ne va plus à la tête de la Banque du Japon (BoJ). A une semaine du départ du gouverneur sortant Toshihiko Fukui, au terme de son mandat de cinq ans, impossible de lui trouver un successeur qui fasse consensus.
Le gouvernement conservateur japonais a proposé son candidat au poste de gouverneur en la personne de Toshiro Muto, actuel gouverneur adjoint de la BoJ.
Mais le Sénat a clairement et sans surprise refusé cette investiture, le Parti démocrate du Japon (PDJ), la principale force d’opposition qui contrôle le Sénat, ayant répété son hostilité à Toshiro Muto. Le PDJ accuse ce dernier de manquer d’indépendance à cause de son passé au ministère des Finances. Il lui reproche aussi de ne pas parler correctement l’anglais, ce qui serait selon lui problématique pour coordonner l’action de la BoJ avec celle des autres grandes banques centrales mondiales.
Cette bataille autour de la BoJ intervient alors que le PDJ, majoritaire au Sénat depuis les élections de juillet 2007, cherche à paralyser l’action d’un gouvernement impopulaire et affaibli, afin de forcer la convocation d’élections législatives anticipées.
Réponse fâchée du gouvernement japonais : il ne proposera pas d’autre candidat et entend poursuivre une épreuve de force sans précédent qui risque de laisser la troisième banque centrale du monde décapitée en pleine crise financière internationale.
Pourtant, le vote sanction du Sénat laisse très peu de temps au gouvernement pour résoudre la crise de succession avant le 19 mars. Si aucun gouverneur n’est approuvé par les deux chambres du parlement d’ici là, Masaaki Shirakawa, le seul à avoir été hier investi par le Sénat comme deuxième gouverneur adjoint, sera chargé de diriger la BoJ par intérim - à condition qu’il ait entre-temps été investi aussi par la Chambre des députés.
