En 2005, Safran naissait de la fusion entre Sagem et Snecma. Un projet mal ficelé qui avait donné lieu au « mariage de la carpe et du lapin », avait-on dit à l’époque. Depuis plusieurs semaines, les milieux de l’aéronautique et de la défense parient cette fois sur un rapprochement entre Safran et Thales.
Mais ce « grand projet » ne verra pas le jour. « Les conditions ne sont pas réunies aujourd’hui pour que les deux entreprises initient un tel projet dans des conditions suffisamment sûres pour les actionnaires de Thales », a expliqué le PDG de Thales, Denis Ranque, dans l’édition du jour des Echos. Ce dernier a pointé du doigt l’« environnement macroéconomique incertain marqué par la chute de la monnaie américaine ».
La fusion du numéro un européen de l’électronique de défense et le premier équipementier et motoriste aéronautique français aurait permis de créer un nouveau géant français présent sur toute la chaîne aéronautique. Le nouveau groupe aurait enregistré 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires et une capitalisation boursière de plus de 15 milliards.
« Les deux groupes sont très complémentaires, note Denis Ranque dans les Echos. Nous avons les mêmes clients. (…) Nous partageons les mêmes valeurs d’excellence technologique, de long terme et de fiabilité. »
Mais l’Etat - qui détient 30,4% du capital de Safran et 27,2% de Thales – a dit non, craignant d’affaiblir EADS, déjà fragilisé, dans le secteur clé de la défense. Le scénario ne plaisait pas non plus à Alcatel Lucent qui détient 20,9% de Thales. Le PDG Serge Tchuruck s’inquiétait de voir son groupe dilué dans une nouvelle entité et ne pouvant défendre au mieux ses intérêts. Même le management de Safran, dont le président du directoire Jean-Paul Herteman, ne souhaitait pas ce mariage qui se serait fait au profit de Thales.
Cette « alliance globale » ne se fera donc pas. Mais Denis Ranque se déclare prêt à renforcer les coopérations entre Thales et l’italien Finmeccamica, notamment à travers les activités spatiales, et reste ouvert à tout rapprochement avec Nexter.
