Explosion dans une mine ukrainienne : 72 morts, 30 disparus

Les recherches de survivants se poursuivaient lundi à la mine Zasiadko (est de l'Ukraine), théâtre d'une des pires catastrophes houillères du pays dimanche avec au moins 72 morts, alors que le président Viktor Iouchtchenko est attendu sur place.
Soixante-douze mineurs ont péri et le sort de 30 autres reste inconnu, selon un nouveau bilan de l'administration régionale. 28 personnes étaient hospitalisées dont une dans un état très grave, selon le gouvernement.
Le nombre de morts pourrait atteindre 100 personnes, a estimé dimanche soir une source au sein du Comité d'Etat pour la protection du travail, citée par Interfax.
« La tragédie à Zasiadko peut devenir la pire catastrophe (minière) de l'histoire de l'Ukraine » si son ampleur dépasse celle qui avait coûté la vie à 80 mineurs à la mine Barakov (est) en 2000, relevait lundi le quotidien Segodnia.
Le coup de grisou à Zasiadko s'est produit pendant des travaux de forage dimanche vers 03H11 heure locale (01H11 GMT) à plus de 1.000 mètres de profondeur.
Au moment de l'accident, 456 mineurs se trouvaient au fond du puits de cette mine, l'une des trois plus importantes d'Ukraine.
Lundi, des dizaines d'équipes de secouristes se battaient toujours pour retrouver d'éventuels survivants, mais des « difficultés ont surgi » entravant leur recherches, a indiqué le vice-Premier ministre Andri Kliouev, chef de la commission gouvernementale chargé de gérer cet accident.
Une hausse des températures dans le système de ventilation a notamment provoqué la suspension provisoire des recherches. « Nous allons réunir un conseil technique pour décider comment les secouristes vont travailler », a souligné Andri Kliouev.
Sur place, des dizaines de proches des mineurs, déprimés et angoissés, attendaient toujours des nouvelles des disparus. Beaucoup étaient en larmes. « Fichez-moi la paix », a lancé une femme à des journalistes.
Un groupe de proches a fait une brève irruption dans le bureau du directeur de la mine, l'accusant de ne pas donner toutes les informations sur le sort des mineurs, a constaté un photographe de l'AFP.
Le président Iouchtchenko a exprimé dimanche ses condoléances aux familles des victimes et devait arriver à Donetsk (700 km à l'est de Kiev) lundi pour visiter les lieux du drame, rencontrer le personnel de la mine et les mineurs hospitalisés.
Son homologue russe Vladimir Poutine lui a envoyé lundi un télégramme, disant partager la « douleur de l'Ukraine, pays frère ».
Le gouverneur de Donetsk a décrété trois jours de deuil à partir de lundi dans la région, où les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments officiels et les programmes de divertissement suspendus à la télévision.
Les citadins de cette grande ville industrielle étaient également sous le choc.
« Malheureusement, chez nous les accidents miniers ne sont pas rares, mais cette explosion m'a vraiment choqué ! C'est la première fois que pratiquement toute l'équipe a péri », constate Alexeï, spécialiste de marketing, âgé de 30 ans.
« Il faut tout étudier et punir les coupables très sévèrement », a ajouté Igor Soulimov, lui-même ancien mineur, âgé de 57 ans.
Des accidents similaires ont déjà fait des dizaines de morts ces dernières années dans la mine Zasiadko qui emploie environ 10.000 personnes et produit entre 8.000 et 10.000 tonnes de charbon par jour.
En 1999, un coup de grisou avait coûté la vie à 50 employés de cette mine.
En 2001, 55 personnes y ont péri, ainsi que 20 autres « gueules noires » l'année suivante, dans des travaux à l'explosif.
Mise en service en 1958, cette exploitation est considérée comme dangereuse à cause d'une importante présence de méthane.