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Tchad : manifestation anti-française

Article du 14/11/2007
Le juge chargé de l'enquête sur l'affaire de l'Arche de Zoé a rejeté mercredi les demandes de mise en liberté des six Français de cette association et de trois Tchadiens incarcérés à N'Djamena, a-t-on appris de source judiciaire.
« Eu égard à la gravité des faits, la mise en liberté provisoire des inculpés risque de nuire à la manifestation de la vérité et à l'ordre public », a estimé le juge cité par la même source.
Le juge souligne que « les dépositions des parties civiles ne sont pas encore reçues » pour asseoir sa décision, selon cette source
Un quatrième Tchadien est également incarcéré à N'Djamena dans ce dossier, mais il n'y a pas eu de demande de mise en liberté pour cet inculpé.
« La coïncidence de cette décision de rejet du juge avec les manifestations (antifrançaises) de ce (mercredi) matin (à N'Djamena) est troublante », a souligné Me Jean-Bernard Padaré, avocat de trois inculpés tchadiens et d'autres Européens.
Des centaines de personnes, jeunes pour la plupart, ont manifesté dans le centre de N'Djamena pour dénoncer « les agissements » de l'Arche de Zoé, conspuant la France et jetant des pierres sur des voitures occupées par des Occidentaux, selon une journaliste de l'AFP.
A l'issue de cette manifestation; le ministre tchadien de la Justice Albert Pahimi Padacké souligne que « les manifestants ont exprimé le souhait de voir cette affaire jugée au Tchad. Il n'y a pas d'obstacle à ce que cette affaire soit jugée au Tchad ».
« Il n'y a pas de risque que le jugement se fasse ailleurs. Le jugement se fera au Tchad », a-t-il ajouté, reprenant un souhait qu'avait formulé le président Idriss Deby, alors que son homologue français Nicolas Sarkozy avait souhaité que les six Français soient jugés en France.
Les magistrats tchadiens avaient aussi manifesté leur mécontentement sur une éventualité d'un jugement des inculpés hors du Tchad.
Cette polémique avait tendu les rapports entre Paris et N'Djamena avant que la présidence française ne nuance sa position.
Onze autres personnes - trois journalistes français, sept membres espagnols de l'équipage d'un avion affrété par l'association pour transporter les enfants d'Abéché (est du Tchad) en France et un pilote belge ayant convoyé les enfants de la frontière à Abéché - ont été libérés et ont regagné leurs pays respectifs mais restent inculpés au Tchad.
L'Arche de Zoé a tenté d'emmener en France 103 enfants originaires de la zone frontalière avec le Soudan en les présentant comme des orphelins du Darfour (ouest du Soudan) nécessitant une évacuation sanitaire.
Les manifestants ont parcouru le centre de la capitale tchadienne pendant plus de deux heures avant d'être dispersés par la police anti-émeute, notamment avec des gaz lacrymogènes.
Deux manifestants ont été blessés, selon les premiers témoignages.
Une partie d'entre eux, se déplaçant en motocyclette, ont circulé devant l'ambassade de France ainsi que devant le palais de justice et l'école française.
Ils ont lancé des pierres sur des véhicules dans lesquels se trouvaient des Occidentaux.
« A bas Sarkozy », « la traite négrière c'est fini », « le Tchad est indépendant depuis 1960 », ont-ils scandé en lançant d'autres slogans anti-français.
Des manifestants à pied exhibaient notamment des pancartes sur lesquelles étaient inscrits « Sarko voleur, hors du Tchad », « Sarkozy, un célibataire ne peut diriger un pays », ou encore « Non à l'esclavagisme, police et justice complices ».
Des manifestations anti-françaises avaient déjà eu lieu la semaine dernière lors des auditions des inculpés de ce dossier. Mais aucune n'avait atteint l'ampleur et la tension de celle de ce mercredi.
Le président Sarkozy était venu à N'Djamena le 4 novembre et avait ramené quatre hôtesses de l'air d'un avion espagnol qui devait transporter les enfants le 25 octobre d'Abéché (est), ainsi que trois journalistes français.
Il avait ensuite promis d'aller « chercher » au Tchad les Français restant en détention « quoi qu'ils aient fait », avant que la présidence française ne nuance ses propos.
Au total, onze des 21 inculpés dans cette affaire ont déjà été libérés et ont regagné leurs pays respectifs, sans que les charges n'aient été levées. Outre les hôtesses et les journalistes, il s'agit de trois autres membres de l'équipage espagnol et d'un pilote belge, qui avait transporté une partie des enfants de la région frontalière à Abéché.

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