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Une Italie sans gouvernement après la démission de Romano Prodi

Article du 22/02/2007
Avril 2006 : les urnes italiennes marquent la fin de l’époque Berlusconi. La coalition de centre-gauche et extrême-gauche, formée autour des Démocrates de gauches et de la Marguerite et emmenée par Romano Prodi, sort vainqueur des législatives. Toutefois, le score reste serré : la coalition possède seulement deux sièges d’avance au Sénat italien. L’union est fragile et hétéroclite et il faudra plus d’un mois à Romano Prodi pour former un gouvernement.
Février 2007 : les scissions se font de plus en plus fortes. L’opposition de droite met le centre-gauche en minorité au Sénat à l’occasion d’un vote symbolique sur l’agrandissement d’une base militaire américaine à Vicenza, dans le nord de la Péninsule. Le 17, 80 000 personnes manifestent après le feu vert du gouvernement Prodi à Washington sur cet élargissement. « Révoquer cette autorisation aurait été un acte hostile de notre part à l’égard des Etats-Unis », justifie alors Massimo d’Alema, le chef de la diplomatie, devant le Sénat.
Entre temps, le ministre centriste de la Justice, Clemente Mastella, refuse de voter un projet de loi sur les droits des personnes hétérosexuelles ou homosexuelles vivant en couple, une sorte de Pacs à l’italienne, le « Dico ».
La tension politique est alors plus que palpable au sein même de la coalition de l’Olivier au pouvoir. Une tension qui a finalement mené hier à la démission de Romano Prodi, désavoué sur sa politique étrangère. Lui qui avait procédé au retrait des troupes italiennes d’Irak en 2006 a buté sur une motion réaffirmant l’engagement de l’Italie en Afghanistan - l’Italie compte en Afghanistan 1 800 soldats sous mandat de l’Otan. Ses partenaires des Verts et des Communistes ont refusé d'entériner une politique considérée comme pro-américaine. C’est l’abstention de deux sénateurs communistes, enfreignant les consignes de leur parti, en plus de celle des membres de l’opposition, qui a précipité cette crise politique (158 vote contre 160 nécessaires). Au final, ce vote au Sénat a fait figure d’un vote de censure à l’encontre du gouvernement d’ « Il Professore ».

Un parcours semé d’embûches

Romano Prodi, 67 ans, a donc remis hier sa démission au président italien Giorgio Napolitano, après seulement 281 jours de pouvoir et alors que rien ne l’obligeait constitutionnellement.
Ce n’est pas la première fois que Romano Prodi est malmené en politique. Un milieu dans lequel il est entré tardivement, à 50 ans passés, après un scandale de pots-de-vin soulevé par l’opération judiciaire « Mains propres ». Cet ancien élève de la London School of Economics avait auparavant mené une brillante carrière dans l’industrie, notamment à la tête de l‘Institut pour la reconstruction industrielle, alors la plus importante holding publique italienne mais également criblée de dettes. Il accélère alors privatisations et dégraissages et redresse les comptes.
Cet ancien professeur universitaire d’économie déjà mène la gauche au pouvoir en 1996, contre son éternel rival de droite Silvio Berlusconi. Un an plus tard, Romano Prodi est mis en minorité à la Chambre par ses propres alliés communistes sur l’intervention militaire au Kosovo. Seul l’appui de l’opposition, déjà conduite par Silvio Berlusconi, permet à l’Italie d’honorer ses engagements au sein de l’Otan.
En 1998, après avoir redressé les comptes de l’Italie grâce à une gestion rigoureuse, l’ancien président de la Commission européenne doit céder la place à son allié de gauche Massimo D’Alema, jusqu’à hier ministre des Affaires Etrangères du gouvernement de la coalition.
Et depuis neuf mois qu’il était au pouvoir, Romano Prodi connaissait des heures difficiles. En septembre dernier, Romano Prodi obtient à l’arraché le consensus de son gouvernement sur un projet de budget d’austérité pour 2007. Le 2 décembre, près d’un million de personnes manifestent à Rome contre le projet de budget à l’appel du chef de l’opposition Silvio Berlusconi.

Quel futur gouvernement pour l’Italie ?

Selon le secrétaire général de la présidence, Donato Marra, le chef de l’Etat entamera dans la journée des consultations avec les dirigeants des partis politiques. Mais il se peut très bien que Romano Prodi succède à lui-même pour former un second exécutif. Les principaux partis de la coalition de centre gauche souhaitent toutefois que Romano Prodi soit de nouveau confirmé comme chef de gouvernement, déclarait hier dans la soirée Dario Franceschini, dirigeant de la coalition de l'Olivier. L’intéressé déclarait un peu plus tard qu’il était prêt à continuer à diriger un gouvernement à la condition expresse que la majorité de centre gauche l’assure de son soutien. Reste que, moins d’un an après le retour de la gauche au pouvoir, le vote d’hier constitue beaucoup plus qu’un avertissement pour le président du Conseil.
Trois possibilités se présentent au président italien : décider d’élections anticipées, désigner un autre chef de gouvernement ou charger Romano Prodi de former un gouvernement bis, auquel cas la coalition devra sans doute être élargie vers le centre. En attendant, Giorgio Napolitano, arbitre suprême du jeu politique italien, aurait demandé au gouvernement Prodi d’assurer son propre intérim.
Le ministre des Affaires étrangères pourrait également quitter son poste.
Dans les rangs de l’opposition, le centre droit mise sur une sorte de gouvernement technique. Silvio Berlusconi, le magnat des médias, n’exclut aucun changement qui pourrait lui redonner un rôle de premier plan au niveau national. La droite berlusconienne réclame une dissolution du Parlement et des élections anticipées.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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