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Quand la Chine fait la cour à l'Afrique

Article du 03/11/2006
Comme s’il était encore besoin de convaincre de la puissance de la Chine et de l’intérêt économique et politique que représente le continent africain. En déroulant le tapis rouge aux représentants africains, Pékin espère conforter ses liens avec les nations qui lui fournissent les matières premières nécessaires à sa croissance. Un sommet inédit qui fait grincer des dents la vieille Europe et les Etats-Unis.
Pendant trois jours, 48 dirigeants et hommes d’affaires africains seront donc reçu dans une capitale chinoise plus "africaniste" que jamais, décorée de 18 kilomètres de banderoles aux messages de bienvenue.
Les échanges commerciaux entre les deux géants ne cessent en effet de croître : estimés à 3 milliards de dollars en 1995, ils ont atteint 40 milliards de dollars en 2005 et pourraient doubler d’ici 2010. Les investissements directs de la Chine en Afrique sont estimés à 6,27 milliards de dollars.
La Chine assure déjà 10 % du commerce africain et grignote lentement les positions de l'Europe. Si le Vieux Continent reste le premier partenaire économique du continent noir avec 32 % du commerce africain, il a néanmoins vu ses positions reculer de 12 % en dix ans. Car l’Afrique offre à la Chine de sérieux atouts : des ressources naturelles abondantes et des marchés potentiels pauvres mais avides des gadgets chinois à bas prix. Le "made in China" a envahi les souks et les boubous.
L’industrie chinoise, qui tourne à plein régime, achète donc du cuivre et du cobalt en République démocratique du Congo, en Zambie ; du platine et du minerai de fer en Afrique du Sud ; son bois au Cameroun et au Gabon ; le coton pour son industrie textile au. Burkina Faso, au Mali et au Bénin.
Mais c’est surtout le pétrole qui a attisé ses convoitises récemment. En 2005, la Chine a importé 38,4 millions de tonnes de pétrole d'Afrique, soit près d'un tiers de ses importations totales de brut. L'Angola est même devenu cette année le premier fournisseur de pétrole du pays, juste devant l'Arabie saoudite. Fin 2005, Pékin avait investi dans vingt-sept projets pétroliers et gaziers majeurs situés dans quatorze pays. Donnant-donnant. En échange de son approvisionnement régulier, la Chine garantit son aide, via m’aide publique au développement, et sa bénédiction aux gouvernements africains, mêmes aux plus critiquables. Un réalisme chinois que Mao Ze dung, le fondateur de la Chine moderne, exprimait ainsi : "il importe peu de savoir la couleur du chat. Pourvu qu’il attrape des souris".

La face cachée du miroir
Au total, 800 entreprises chinoises sont installées sur le continent et Pékin se targue d’aider ainsi à la réduction de la pauvreté en Afrique. "L'objectif n°1 est d'établir un nouveau partenariat avec l'Afrique dans un monde qui change, explique Zhai Jun, vice-ministre des Affaires étrangères. La Chine est sincère lorsqu'elle souhaite que ce continent puisse combler son retard de croissance. Le forum en sera une étape essentielle."
Reste que derrière les discours humanistes, la politique chinoise est habile en ne misant pas sur une rentabilité de court terme. A l’occasion du sommet, les grands groupes chinois espèrent décrocher de nouveaux contrats. On parle d’un investissement de 3 milliards de dollars entre le gouvernement gabonais et les autorités de Pékin, pour construire un chemin de fer de 550 kilomètres, un port en eau profonde au nord de Libreville, un barrage hydroélectrique et, surtout, de financer le développement de la mine de fer de Belinga. La China National Offshore Oil Corporation espère également remporter le dossier pour la construction de quatre plateformes off-shore au large des côtes nigérianes. De son côté, CNPC, l'autre grand du pétrole chinois, devrait formellement valider quatre autres licences d'exploration sur des zones situées dans le bassin du lac Tchad et dans le delta du Niger.
En tout, 2 500 contrats devraient être discutés durant ce sommet. Jacques Chirac, qui était en Chine il y a quelques jours, n’aura pas fait aussi bien.
Pourtant, la main d’œuvre des ces grands groupes est plus souvent chinoise que locale. Ils ne contribuent guère à la diversification des économies africaines en se focalisant sur les ressources naturelles. Pire, assurent certains, Pékin enfoncerait les nations les plus pauvres dans le chaos en accordant des prêts à des pays dont le Club de Paris vient juste d'effacer la dette publique. Paul Wolfowitz, le président de la Banque mondiale, s’est fait le porte-parole de ces critiques récemment, en priant Pékin de ne pas répéter, par aveuglement, "les erreurs commises par la France et les États-Unis avec le Zaïre de Mobutu". La Chine, on le sait peu regardante sur les questions de droits de l’homme, est accusée de fermer les yeux sur le génocide au Darfour. Néanmoins, lassée de la thérapie budgétaire drastique imposée par le FMI, l’Afrique semble tenté par le pari chinois.

Francebourse.com - Alexandra Voinchet
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