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Enlèvement d’Enis : faire la lumière sur les ratés

Article du 20/08/2007

Sa libération était-elle justifiée ? Comment aurait dû s’organiser le suivi du pédophile récidiviste Francis Evrard ? Comment l’homme a-t-il pu se faire prescrire du Viagra, un médicament contre les troubles sexuels masculins, étant donné son dossier judiciaire et médical ?
Autant de questions choquantes pour l’opinion publique et la famille du petit Enis, le garçonnet de 5 ans enlevé la semaine dernière dans les allées de la braderie de Roubaix (59) et agressé sexuellement.
Autant d’interrogation sur lesquelles la ministre de la Justice a promis de faire la lumière.
« Le ministère de la Santé a diligenté une enquête pour vérifier s’il y a eu une prescription » de Viagra, a affirmé Rachida Dati, à l’issue d'une réunion au tribunal de Lille avec les policiers et magistrats ayant pris part au plan « Alerte Enlèvement » déclenché après la disparition d’Enis.
Francis Evrard, 61 ans, a affirmé aux enquêteurs que ce médicament contre l’impuissance masculine - dont une plaquette entamée a été retrouvée en sa possession lors de son interpellation mercredi soir - lui avait été prescrit par un médecin de la prison de Caen. L’homme y purgeait jusqu’à il y a quelques semaines une peine de 27 ans de réclusion criminelle pour viols sur mineurs. Il avait été mis en liberté conditionnelle le 2 juillet dernier après « avoir effectué la totalité de sa peine » et était depuis sous le régime de la « surveillance judiciaire ».
Mais, Francis Evrard, qui devait être soumis à un traitement hormonal à compter du 24 août, s’est affranchi depuis sa sortie de prison de ses obligations prévues dans le cadre de sa « surveillance judiciaire », en quittant par exemple sans autorisation la région de Rouen.
Aucune ordonnance n’a pour l’heure été retrouvée et cette information ne repose que sur les déclarations de Francis Evrard.
Cette affaire remet en lumière un épineux problème pour l’heure jamais résolu : celui du suivi des criminels récidivistes. Devant la presse, le Garde des Sceaux a souligné sa volonté de « s’attaquer encore plus durement à la délinquance sexuelle et à la récidive » car « la récidive veut dire que la sanction est un échec ».
Le ravisseur d’Enis est déjà connu de la justice française. Agé de 61 ans, l’homme a déjà été condamné à de lourdes peines de prison pour des agressions sexuelles et viols sur mineurs. Il
Le suspect est un pédophile récidiviste, condamné en 1975 à 15 ans de réclusion criminelle pour attentats à la pudeur sur mineurs, en 1985 à 4 ans de prison pour des faits identiques et en 1989 à 27 ans de réclusion criminelle, dont deux tiers de sûreté, pour des viols sur deux garçons mineurs.
« Le président de la République a été clair, la lutte contre les délinquants sexuels est une priorité du gouvernement », a-t-elle affirmé, alors que doit se tenir aujourd’hui une réunion sur ce sujet autour du chef de l’Etat, avec le Premier ministre et les ministres de la Justice, de la Santé et de l’Intérieur.
Nicolas Sarkozy devrait d’ailleurs également recevoir lundi la famille d’Enis.



Le Plan Alerte-Enlèvement

Ce système a été mis en place récemment en France, en février 2006. Il s’inspire fortement du dispositif américain « Amber Alert » qui existe, lui, depuis 1996, et a fait ses preuves dans les enlèvements d’enfants
Selon une étude réalisée aux Etats-Unis en 1993, sur 621 enlèvements d’enfants qui se sont terminés par un homicide, 44 % des enfants ont été tués dans la première heure, 74 % dans les trois heures et 91 % dans les 24 heures suivants le kidnapping. C’est donc durant les premières heures que la police a le plus de chance de retrouver la victime en vie.
En France, le plan Alerte-Enlèvement entend faire collaborer le plus efficacement et rapidement possible les ministères de l’Intérieur, de la Défense, des Transports, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), les principaux médias, les sociétés de transports et les associations de victimes.
Pour être activé, plusieurs critères doivent être réunis : il s’agit d’une enlèvement avéré et non d’une simple disparition, même inquiétante ; la vie ou l’intégrité physique de la victime doit être en danger ; le procureur de la République est en possession éléments d'informations dont la diffusion peut permettre de localiser l’enfant ou le suspect ; les parents de la victime ont- donné leur accord ; enfin la victime doit être mineure.
Le message d’alerte est diffusé pendant trois heures par différents vecteurs : chaînes de télévision, stations de radio, agence de presse, panneaux à messages variables sur les autoroutes, message sonore dans les gares et les stations de métro, sites internet d’associations de victimes. Le message comporte des éléments de description de la victime (photo, âge, taille, tenue portée, caractères particuliers), de l’éventuel kidnappeur, du lieu et des modalités de la disparition) Un numéro de téléphone est également mis à disposition d’éventuels témoins.
Le plan Alerte-Enlèvement a été conçu pour être utilisé de manière exceptionnelle.
Le ministère de la Justice l’a voulu évolutif et un comité d’analyse doit porter toutes les modifications nécessaires pour améliorer le dispositif.
Il a été activé quatre fois depuis sa mise en place en 2006.


Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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