Le président afghan Hamid Karzaï a appelé le Pakistan et l’Afghanistan à unir leurs forces pour vaincre l’ « oppression » des talibans et d’Al-Qaïda, à l’ouverture d’une inédite « Jirga de paix » à Kaboul.
La « jirga » est l’assemblée coutumière des tribus pachtounes qui peuplent les deux côtés de la frontière. Elle doit réunir pendant trois jours quelque 700 de chefs religieux et tribaux des deux pays, une première à une telle échelle entre les deux pays voisins aux relations tourmentées. Objectif : s’entendre sur des moyens communs de neutraliser la rébellion des talibans et de leurs alliés extrémistes qui menacent non seulement l’Afghanistan mais aussi le Pakistan, cible d’attentats de plus en plus nombreux.
L’idée de cette « jirga » avait été décidée entre les deux chefs d’Etat en septembre dernier lors d’un sommet tripartite avec le président américain George W. Bush.
Fait marquant de cette « jirga » de paix : quelque 70 représentants tribaux et religieux pakistanais des zones frontalières du Waziristan du Nord et du Sud ainsi que des députés d’un parti radical pro-taliban ont boudé la réunion, notamment parce que d’aucuns considèrent qu’elle n’a aucune chance de réussir en l’absence des talibans.
Une situation tendue
Sur le terrain, les tensions restent palpables. Dans la nuit d’hier à aujourd’hui, le président Pervez Musharraf avait même « envisagé » d’instaurer, avant d’y renoncer finalement, l’état d’urgence au Pakistan, invoquant les attaques incessantes des combattants islamistes pro-talibans dans son pays et des menaces de frappes aériennes américaines contre des bases présumées d’Al-Qaïda dans les zones tribales du nord.
Souvent accusé par Kaboul d’avoir soutenu et nourri, puis laissé les talibans installer des bases arrière sur son territoire, après qu’ils eurent été chassés du pouvoir à Kaboul par les bombardements américains fin 2001, le Pakistan a toujours démenti.
Evolution dans le discours côté afghan. Le président Hamid Karzaï estime que les violences commises dans son pays et revendiquées par les talibans, étaient « l’oeuvre des ennemis de l’Afghanistan et de l’islam » et non d’Afghans.
Enfin, Hamid Karzaï a aussi jugé « infamant » pour l’Afghanistan l’enlèvement de 16 femmes parmi les 21 otages sud-coréens détenus par les talibans depuis le 19 juillet.