Total revient au Soudan. Le groupe pétrolier s’apprête à engager l’exploration d'une zone du sud du pays aussi vaste que la moitié du Royaume-Uni. Une « base » a été « installée » à Bor, la capitale de l’Etat de Jongleï, à 1 000 km au sud de Khartoum, a confirmé le directeur des relations extérieures exploration-production de Total. Reste encore à travailler sur « la sécurité et le bouclage du nouveau consortium ». Le meilleur scénario est celui d’un lancement des opérations avant la fin 2008 et de grandes découvertes dans les prochaines années.
Total, quatrième compagnie pétrolière mondiale, est la seule major occidentale à s’impliquer dans ce pays frappé de sanctions internationales, prenant ainsi le risque de problèmes avec les puissants fonds de pension américains. Washington a en effet placé le Soudan sur sa liste des pays soutenant le terrorisme. En vertu du « Sudan Divestment act » adopté par le Congrès fin 2007, ces fonds de pension américains pourraient vendre leurs intérêts dans Total, avec un effet négatif sur le cours de l’action.
La multinationale française a obtenu en 1980 un contrat d’exploration d'un bloc dit « B » de 118 000 km2, dans la région de Jongleï. L’activité, qui s’était bornée à des travaux sismiques, a été suspendue en 1984 en raison de la guerre civile entre le Nord et le Sud, laquelle s’est achevée par un accord de paix de janvier 2005. Les pionniers occidentaux, comme Exxon ou Shell, ont déserté en 1990 le Soudan où la compagnie chinoise publique CNPC s’est taillé la part du lion, suivie par la malaisienne Petronas ou l’indienne ONGC.
Il y a un an, une commission nationale pétrolière formée par le régime de Khartoum et les ex-rebelles du Sud a confirmé Total dans ses droits, recadrés dans un contrat de 25 ans assorti d’obligations de développement durable. Le Français peut donc reprendre son travail sur place malgré un contexte rendu difficile par la guerre civile au Darfour.
Dans la configuration prévue pour le projet, Total conservera 32,5 %, la société koweïtienne Kulpec aura 27,5 % (+ 2,5 %), la compagnie nationale soudanaise Sudapet 10 %, une entité sud-soudanaise à créer, Nilepet, devant avoir 10 %. Restent 20 % pour un partenaire qui devrait être la compagnie Mubadala Development, société d'investissement du gouvernement d’Abou Dhabi, a appris l’AFP de sources proches du dossier.
Quatrième producteur africain, le Soudan produit aujourd’hui 500 000 barils par jour, dont 400 000 sont exportés, à 80 % vers la Chine.