A l’issue de la conférence qui se tenait hier à Paris sur l’Afghanistan, la communauté internationale a promis quelque 20 milliards de dollars pour la reconstruction et le développement du pays. La promesse la plus importante est venue des Etats-Unis, alliés clef du président afghan Hamid Karzaï, qui vont débloquer 10,2 milliards de dollars d’aide sur les deux prochaines années. Avant la conférence, des responsables américains avaient évoqué un objectif d’environ 15 milliards de dollars.
Parmi les autres contributions annoncées, le Japon a promis 550 millions de dollars, le Canada 600 millions de dollars sur trois ans et la Grande-Bretagne 1,2 milliard sur cinq ans. Nicolas Sarkozy a annoncé « un renforcement de l’aide française » qui sera « plus que doublée », soit un engagement de 107 millions d’euros sur 2008-2010.
La Banque mondiale a annoncé 1,1 milliard de dollars sur trois ans.
La réunion de Paris fait suite à des rencontres du même genre à Tokyo en 2002, Berlin en 2004, ainsi qu’à Londres, en 2006, où 10,5 milliards de dollars avaient été promis. Mais, selon un rapport fin mars de l’Agence de coordination de l’aide à l’Afghanistan, les pays occidentaux n’ont fourni depuis 2001 que 15 des 25 milliards de dollars promis.
Par ailleurs, les participants ont souligné « les défis considérables » auxquels fait face l’Afghanistan sept ans après la chute des talibans, pointant notamment les progrès à faire en matière de consolidation de l’Etat de droit, de sécurité et de lutte contre la corruption. « L’ampleur de la tâche reste considérable » en Afghanistan, a reconnu Nicolas Sarkozy qui présidait cette réunion. « Il faudra encore des années de travail patient ». La secrétaire d’Etat américain, Condoleezza Rice, a également reconnu que la situation était « encore fragile ».
Le soutien à Hamid Karzaï a été assorti d’incitations à lutter contre la corruption et de critiques sur la gestion de l’aide. « J’exhorte le gouvernent à prendre des mesures actives » contre la corruption et à « pratiquer la transparence et la bonne gouvernance », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.
Hamid Karzaï a présenté hier un ambitieux plan de développement de 50,1 milliards de dollars sur cinq ans, axé prioritairement sur les infrastructures, la sécurité, l’éducation et l’agriculture. Le président afghan a notamment insisté sur la nécessité d’aider les agriculteurs à se détourner de la culture du pavot qui sert à fabriquer l’opium, dont le pays fournit plus de 90 % de la production mondiale.
Il a également assuré que la sécurité restait le plus « important défi » du pays alors que 70 000 soldats étrangers tentent de contrer la montée en puissance des talibans avec l’aide de forces afghanes pas totalement opérationnelles.