La Bourse de Paris a fini en net repli une séance marquée par le rouge vif. Ce soir, l’indice CAC 40 cède 1,38 %. Hier, il avait progressé de 0,98 % à 4 983,71 points.
L’indice parisien a cédé 68,64 points à 4 915,07 points, dans un volume de transactions modeste de 5,4 milliards d’euros, au cours d’une séance très volatile qui l’a vu fluctuer dans un couloir d’une centaine de points, entre 4 867,09 (- 2,34 %) et 4 962,68 points (- 0,42 %).
Les marchés européens ont été plombés par des statistiques inférieures aux attentes, les analyses macroéconomiques révisées à la baisse de l’OCDE et des craintes renouvelées concernant le secteur bancaire aux Etats-Unis.
Londres a lâché 1,45 %, Francfort 0,77 % et l’Eurostoxx 50 1,37 %.
L’indice FTSE Eurofirst 80 a perdu 1,02 % à 4 778,02 points.
Wall Street évolue en revanche dans le vert, porté par la publication de l’indice ISM des services. A 17h30, le Dow Jones progressait de 0,67 % à 12 485,09 points et le Nasdaq gagnait 1,37 % 2514,38.
Aux Etats-Unis, les premiers chiffres sur l’emploi sont plutôt rassurant : le secteur privé a créé 40 000 emplois en mai, selon ADP Employer Services, contre 13 000 emplois en avril. Les analystes tablaient sur 30 000 suppressions.
Toutefois, selon le consultant Challenger, Gray & Christmas, les plans de licenciements des entreprises ont augmenté de 15 % en mai et sont au plus haut depuis décembre 2005. Les secteurs automobile et financier sont en tête.
La productivité non agricole a été révisée à la hausse à + 2,6 % au premier trimestre aux, contre + 2,2 % en première estimation.
Dans la zone euro, les ventes du commerce de détail ressortent en baisse de 0,6 % en volume (- 0,4 % dans l’UE) en avril, selon Eurostat. Par rapport à avril 2007, l’indice des ventes a reculé de 2,9 % dans la zone euro et de 0,8 % dans l’UE en avril.
Par rapport à mars 2008, le secteur de « l’alimentation, boissons, tabac » a reculé de 1 % dans la zone euro et de 0,6 % dans l’UE. Le secteur non alimentaire a diminué respectivement de 0,5 % et 0,2 %.
En France, le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) devrait atteindre 3 % du PIB en 2008, soit la limite autorisée par l’Union européenne, estime l’OCDE dans son rapport sur les perspectives économiques.
Par ailleurs, l’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur des services a baissé à 50,5 points en mai, contre 52,8 points en avril, selon une étude de l’institut NTC Economics. Il s’agit de son plus bas niveau depuis cinq ans. Un niveau de l’indice au-dessus de 50 indique que l’activité croît tandis qu’un chiffre inférieur à 50 reflète une contraction.
L’indice composite désaisonnalisé NTC/CDAF de l’activité se replie à 51,3 points en mai contre 52,9 en avril.
A suivre jeudi 5 :
- aux Etats-Unis : les inscriptions hebdomadaires au chômage et l’indice Emploi de Monster.
- dans la zone euro : la BCE rendra une nouvelle décision sur ses taux directeurs qu’elle maintient à 4 % depuis l’été dernier. Le statu quo est attendu.
- en France : le taux de chômage.
Sur le plan macroéconomique mondial, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a abaissé ses prévisions pour de nombreux pays.
La croissance attendue pour les Etats-Unis en 2008 tombe à 1,2 % contre 1,4 % lors des prévisions intérimaires de mars et contre 2 % lors de celles de décembre. La croissance américaine tombera dans le rouge au deuxième trimestre à - 0,5 %, avant de revenir péniblement dans le vert à + 0,7 % au troisième et + 0,2 % au quatrième. « Le produit intérieur brut devrait quasiment caler jusqu’à la fin de 2008, en dépit de la contribution positive de la balance commerciale », affirme l’OCDE dans son rapport de prévisions semestrielles.
L’OCDE se montre assez pessimiste sur le marché immobilier et table sur une baisse de 10 % des prix d’ici à la fin 2009. Cela devrait, selon elle, amputer les dépenses de consommation déjà mises à mal par la flambée des prix des matières premières. De plus, « le resserrement des conditions de crédit, associé à la stagnation des revenus et à la baisse de la confiance, risque de peser considérablement sur les dépenses des ménages », ajoute-t-elle.
Pour 2009, l’OCDE table sur 1,1 % de croissance, moitié moins qu’en décembre.
Du côté de l’inflation, l’organisation calcule une hausse de 3,2 % cette année et de 2 % l’an prochain.
Dans la zone euro, la prévision de l’OCDE est abaissée à 1,7 % pour 2008 contre 1,9 % en mars, et à 1,4 % en 2009 contre 2 % lors des prévisions de décembre. L’embellie qu’a connue la zone euro pourrait être de courte durée : la consommation reste morose, l’inflation élevée et « de plus en plus de signes montrent que l’appréciation de l’euro – 10 % en termes réels depuis le début 2006 - plombe les exportations ».
L’OCDE prévoit pour la zone euro une inflation record à 3,4 %, tirée par les prix de l’énergie et de l’alimentation. Il faut remonter en 1993 pour trouver un taux d’inflation plus élevé dans les pays faisant aujourd’hui partie de la zone euro, en reconstituant la moyenne de leurs taux d’inflation les années précédant le lancement de la monnaie unique, a précisé à l’AFP un économiste de l’OCDE, David Turner.
En revanche, l’OCDE relève sa prévision pour le Japon à 1,7 % contre 1,5 % précédemment pour 2008. Elle abaisse néanmoins celle relative à 2009 à 1,5 % contre 1,8 %.
Reste des pays vulnérables industrialisés au ralentissement de l’économie : Espagne, Irlande, Italie et Grande-Bretagne mais aussi les pays dont l’économie dépend beaucoup des Etats-Unis font aussi partie des plus fragilisés (Mexique et Canada).
Certaines économies hors OCDE vont également ralentir mais globalement l’économie des géants émergents (Inde, Chine, Russie) devrait rester robuste, juge l’OCDE.
Selon l’OCDE, le gros de la crise financière est probablement passé. Toutefois, ses conséquences « se feront ressentir pendant encore longtemps » et « de nouvelles perturbations ne peuvent être exclues ». Le ralentissement « devrait se généraliser à presque toute la zone », notamment à cause du marasme immobilier et de la flambée des matières premières, conclut l’OCDE.
L’inflation est l’un des principaux dangers qui guette l’économie mondiale. L’organisation s’attend à ce que les prix du pétrole restent élevés en raison de la vigueur de la demande des pays émergents et « peut-être aussi d’éléments spéculatifs ». Pour les autres matières premières, l’OCDE table sur un repli mais des prix restant très au-dessus de leurs moyennes historiques.
Au cours de la semaine qui s’est terminée le 30 mai, les stocks de pétrole brut ont reculé de 4,8 millions de barils aux Etats-Unis. Les stocks d’essence ont affiché une hausse de 2,9 millions de barils.