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Maurel & Prom : La « junior » qui monte

Article du 02/05/2008

Mnemo : MAU


Dans le monde du pétrole, il y a les très grands – les « majors » - et les tous petits. Tous les acteurs de la production-extraction de pétrole ont bénéficié en ce début d’année de la hausse des prix du brut qui alimentent les rancoeurs des automobilistes à la pompe.
Les deux grandes compagnies pétrolières britanniques Royal Dutch Shell et BP, numéros un et deux en Europe, ont annoncé des résultats trimestriels dépassant les prévisions : des bénéfices nets (part du groupe) en progression de 25 % pour Shell à 9,083 milliards de dollars, et de 63,4 % pour BP à 7,619 milliards de dollars malgré des productions quasi-inchangées.
Le premier groupe pétrolier américain, ExxonMobil, n’est pas en reste avec un bénéfice net qui atteint 10,89 milliards de dollars, en hausse de 17 % sur un an, pour un chiffre d’affaires en hausse de 34 %, à 116,85 milliards. Même constat que pour ses confrères : en volume, la production du groupe a décru de 5,5 % sur un an.
Le français Total doit publier ses résultats mercredi prochain.
Loin de ces mastodontes, Maurel & Prom suit la tendance. La « junior » pétrolière a en effet enregistré des chiffres trimestriels en hausse. On est loin de son activité d’origine : l’affrètement de navires et le commerce entre Bordeaux et les colonies, depuis 1813. Le déclin du secteur maritime dans les années 1970 a conduit le groupe à réorienter son activité vers le secteur agroalimentaire puis vers les services pétroliers et gaziers, aurifères et forestiers. Contrôlée à 76 % par Electricité et Eaux de Madagascar (EEM) jusqu’en 2000, Maurel & Prom a ensuite pris son indépendance afin de se concentrer sur son activité propre.
La « junior » pétrolière affiche pour la période de janvier à mars 2008 un chiffre d’affaires en progression de 25 % à 74,9 millions d’euros. Exprimée en dollars, la hausse est même de 42 %.
Les activités pétrolières ont représenté 72 % du chiffre d’affaires du groupe à 53,9 millions d’euros. Soit une augmentation de 40 % par rapport au premier trimestre 2007. L’activité de forage de la filiale détenue à 100 %, Caroil, représente 28 % des ventes trimestrielles à 21 millions d’euros, en recul de 2 %.
Contrairement aux « majors », les « juniors » ne sont pas intégrées : elles ne font que de l’exploration/production, sans raffinage ni pétrochimie, ce qui confère à leur titre une plus grande sensibilité au prix du baril. Leurs découvertes ou leurs acquisitions, rapportées à leur taille, ont également plus d’impact sur leur valeur.

En revanche, Maurel & Prom ne suit pas ses grandes sœurs en cela que sa production a augmenté de 6 % sur le trimestre. La production en part Maurel & Prom a été de 14 587 baril/jour, provenant essentiellement de Colombie et pour une moindre part du Gabon (197 b/j) et du Congo (49 b/j). La production colombienne a enregistré une augmentation de 6 % à 14 341 b/j.
Sur place, Maurel & Prom est présent depuis 1956 et a accès à une large zone grâce à Hocol, sa filiale à 100 %. Le groupe a renégocié ses contrats EGOC, opérés par Perenco. Le groupe français qui détenait 31,75 % de ces contrats possède désormais des parts dans quatre permis. Les nouveaux termes de ces contrats ont pris effet le 1er février dernier. Cette renégociation fait que la part de production associée à ces champs, en part Maurel & Prom, est ramenée à environ 3 300 b/j contre 5 000 b/j avant la renégociation.
Maurel & Prom est également présent au Venezuela où le groupe a émis son intention d’augmenter sa participation dans l’entreprise mixte Lagopetrol (de 26,35 % jusqu’à 34 %). Toutefois, le contexte politique vénézuélien est très particulier puisque Hugo Chavez a décrété l’an dernier la « nationalisation » du secteur pétrolier en faisant prendre à la compagnie nationale PDVSA le contrôle des gisements et raffineries des groupes étrangers dans la très prometteuse Ceinture de l’Orénoque.
La production vénézuélienne de ce premier trimestre n’a pas été consolidée, précise le groupe qui informe toutefois que la production opérée est de 8 118 b/j soit 1 497 b/j en part nette (dont 60 % d’huile et 40 % de gaz).
Maurel & Prom est également présent sur le continent africain. Son activité au Congo, son territoire historique, est désormais « symbolique », explique-t-il. Le groupe a en effet cédé ses permis d’exploitation sur deux sites et a réduit ses intérêts dans le permis d’exploitation d’un autre.
Au Gabon, la production trimestrielle a été de 197 b/j. Il est à noter que le puits de Banio, situé sur le permis de Nyanga Mayombe où Maurel & Prom est opérateur à 100 %, est en test longue durée depuis le 27 juillet 2007. Maurel & Prom est présent au Gabon depuis fin 2004. Cette zone géographique constitue un « relais de croissance majeur pour le groupe », notamment avec le gisement d’Onal. Ce projet concerne un territoire de 46 km² dont Maurel & Prom a acquis le permis en février 2005. La mise en production est prévue pour le second semestre 2008. Maurel & Prom y est opérateur à 85 % (15 % revenant à l’Etat gabonais). Le coût global du projet est estimé à 508 millions de dollars dont 268 millions doivent encore être mis sur la table cette année et 60 millions l’année prochaine.
Maurel & Prom s’intéresse également à la Tanzanie, zone historiquement sous-explorée. La récente découverte de gaz invite le groupe à intensifier son travail d’exploration dans cette région, explique-t-il sur son site Internet.
Maurel & Prom s’est fixé pour objectif principal de rejoindre dès 2009, avec son portefeuille minier actuel, le niveau de production disponible à la vente de l’année 2006 (soit le niveau qui était le sien avant la vente de M’Boundi début 2007, quelque 30 000 b/j en part nette d’impôts en nature) et notamment grâce à la contribution du Gabon.

Le pendant de cette activité de production est l’exploration. Maurel & Prom est ainsi à l’origine d’une des plus importantes découvertes « on shore » en Afrique depuis les dix dernières années avec le champ congolais de M’Boundi, cédé en février 2007 au groupe italien Eni.
Maurel & Prom conserve au Congo de larges territoires d’exploration comme le permis de La Noumbi et 15 % du permis de Kouilou, au Gabon où le succès d’Onal a mis en évidence l’intérêt de la zone et en Tanzanie où apparaît un potentiel gaz. Idem en Amérique Latine, en Colombie et au Pérou (depuis l’an dernier) où Hocol, fort de son expérience, poursuit un programme d’exploration ambitieux. Enfin, en Europe, en Sicile (depuis 2004) et, depuis fin 2006, au Moyen Orient, en Syrie. Le démarrage d’opérations en Tanzanie, en Sicile, au Pérou et en Syrie a permis de diversifier la couverture géographique du groupe. Soit plus de 60 000 km² de territoires d’exploitation.
Pour les « juniors », créer de la valeur et s’imposer sur le marché passent par la découverte et la mise en production rapide de nouvelles ressources. Une grande partie des investissements est allouée à l’exploration. Cette activité englobe les études géologiques, l’acquisition et le traitement sismique, l’interprétation géophysique et le forage.
Maurel & Prom exerce ses activités de forage via sa filiale Caroil qui a engrangé un chiffre d’affaires trimestriel de 21 millions d’euros, en légère baisse. Cependant, exprimé en dollars, ce chiffre d’affaires est en hausse de 11 %.
Caroil a pour stratégie d’élargir son portefeuille de commandes auprès de compagnies tierces et de développer son champ d’action, tout en maintenant ses relations privilégiées avec Maurel & Prom. Le groupe précise d’ailleurs que « l’activité de Caroil a été réalisée à 78 % avec des clients autres que Maurel & Prom ».
Cette branche d’activité nécessite également une enveloppe financière pour les investissements destinés à la maintenance et au remplacement des outils de forage, très sollicités, à leur modernisation et à de nouvelles acquisitions.
En 2007, les dépenses d’exploitation ont atteint 127,3 millions d’euros. Les investissements de développement se sont montés à 174,1 millions d’euros.
Les dépenses d’exploitation prévues pour 2008 se montent à 108 millions d’euros, destinés à 65 % au forage. Il existe une réserve de 170 millions d’euros. Les investissements en développement se chiffrent à 239 millions d’euros pour l’année en cours, selon les calculs du groupe dévoilés lors de la présentation de ses résultats annuels 2007. Ils seront consacrés à 80 % au Gabon, le solde allant à la Colombie.
En 2007, Maurel & Prom a travaillé à reconstituer le cash flow issu de la production. Cet argent servira à financier sa politique volontariste d’exploitation, à reconstituer une structure financière solide et à récompenser les actionnaires. En effet, le versement d’un dividende de 1,20 euro par action sera proposé à la prochaine assemblée générale mixte du 12 juin 2008.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet

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