Pétrole : L’envolée des bénéfices de BP et Shell suscite des critiques au Royaume-Uni
Article du 29/04/2008
Les deux grandes compagnies pétrolières britanniques Royal Dutch Shell et BP, numéros un et deux en Europe, ont annoncé des résultats trimestriels dépassant les prévisions, suscitant des critiques sur leur ampleur.
Une fois n’est pas coutume, les deux majors ont publié leurs résultats le même jour, avec des caractéristiques similaires : des bénéfices nets (part du groupe) en progression de 25 % pour Shell à 9,083 milliards de dollars, et de 63,4 % pour BP à 7,619 milliards de dollars mais des productions quasi-inchangées. Celle de Shell n’a progressé que de 0,4 % à 3,522 millions de barils par jour et celle de BP a été stable à 3,913 millions de barils par jour. Shell justifie cette stagnation par les attaques de rebelles dans le delta du Niger tandis que BP indique que sa production ne pourrait pas progresser cette année avec un baril à plus de 100 dollars, car les prix élevés diminuent le volume de pétrole et de gaz attribués aux compagnies dans le cadre des contrats de partage de production.
Ces bons résultats ont été salués par les commentateurs du secteur qui y voient la réussite des stratégies engagées par les deux groupes. Mais dans les rues britanniques, la bonne fortune des pétrolières est loin de faire l’unanimité au moment où les ménages se plaignent de la hausse persistante de leurs factures de gaz et d’électricité et où une grève sur les salaires dans une raffinerie écossaise a précipité tout le week-end les automobilistes dans les stations-service, contribuant à pousser le baril à un nouveau record à près de 120 dollars à New York hier.
En réponse, le Premier ministre Gordon Brown a espéré qu’une part des bénéfices de BP et Shell serait réinvestie dans la recherche pétrolière en Mer du Nord. Il a également assuré que le gouvernement comptait prendre des mesures pour contenir l’envolée des factures d’électricité pour les retraités et les ménages à bas revenus. Le ministre en charge de l’Industrie John Hutton a tempéré les critiques en remarquant que les actionnaires des pétrolières étaient notamment les fonds de pension qui s'occupent de faire fructifier la retraite de tout un chacun.
