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Turquie : Retour du voile

Article du 07/02/2008

Dans une République dont un des plus fervents concepteurs prônait la laïcité, le voile fait un « come-back » remarqué.
Bref retour historique. La loi constitutionnelle du 29 octobre 1923 a modifié l’article 2 de la constitution turque de 1920 en indiquant que « la religion de l’État turc est l’islam ». Cette mention est remplacée en décembre 1937 par « l’État turc est républicain, nationaliste, populiste, étatiste, laïque et réformateur », selon les biens connus « six principes d’Atatürk ». De facto, le port du voile pour les femmes est interdit dans les administrations et écoles publiques. Sous Atatürk, d’autres réformes allant dans le sens de la laïcité ont également été accomplies sans pour autant que la Turquie ne devienne un Etat strictement laïc dans le sens où il n’y a pas de séparation entre la religion et l’État mais plutôt une mise sous tutelle de la religion par l’État.
L’amendement constitutionnel que vient d’adopter le Parlement turc remet quelque peu en question le cheminement historique du pays puisqu’il autorise le port du voile dans les universités. L’article clé du projet déclare notamment que « personne ne peut être privé de son droit à l’éducation supérieure », allusion aux jeunes femmes voilées. Un deuxième tour de vote est prévu samedi pour finaliser l’ensemble de la révision proposée par le parti issu du mouvement islamiste au pouvoir AKP et un parti d’opposition nationaliste MHP. L’amendement devra ensuite être approuvé par le chef de l’Etat, Abdullah Gül, un ancien poids lourd de l’AKP, dont la femme se couvre la tête, et qui avait milité en faveur de l’abolition de cette interdiction.
Mais il va sans dire que ce texte divise. Le projet a soulevé une levée de boucliers dans les milieux laïcs et dans l’opposition social-démocrate pour qui il érode les principes laïcs de la Turquie et risque d’entraîner l’accès des femmes voilées à la fonction publique et aux écoles, actuellement interdite. Le camp pro-laïc – l’armée, la magistrature et l’administration universitaire - perçoit le foulard comme le symbole de l’islam politique, dans un pays où 99 % de la population est musulmane. Les recteurs d’universités s’élèvent aussi contre le projet. Celui-ci ne satisfait pas davantage les milieux religieux car les critères sur le type de foulard autorisé (le fichu traditionnel noué sous le menton, et non le foulard enveloppant la tête et couvrant le cou, le « turban »), impliquent l’exclusion des femmes qui ne porteront pas celui préconisé.
Le gouvernement du Parti de la Justice et du développement (AKP), promoteur du texte, assure au contraire défendre la liberté individuelle des étudiantes musulmanes et estime que cette réforme s’inscrit dans le processus d’adhésion à l’Union Européenne. La formation politique soutient que le projet va dans le sens du caractère séculier du régime en atténuant les discriminations dont font l’objet les étudiantes portant le hijab.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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