Bangladesh : le cyclone Sidr a fait plus de 2 000 morts

2 407 morts. C’est le bilan provisoire du cyclone Sidr qui a dévasté le sud du Bangladesh jeudi, mais le gouvernement a prévenu que le nombre de victimes pourrait encore s’alourdir. Des millions de sans abris attendent encore des secours. Les blessés se comptent par milliers.
Les sauveteurs s'attendent à trouver des « milliers de cadavres » à mesure qu'ils progressent dans chaque district ravagé. Depuis samedi, les autorités martèlent qu'il y aura au final des « milliers de morts ». Selon la Société du Croissant-Rouge du pays, l'équivalent de la Croix-Rouge, 10 000 personnes pourraient avoir péri au total. La Croix-Rouge bangladaise a également calculé que « 900 000 familles étaient dans le besoin », soit sept millions de personnes, selon Shafiquzzaman Rabbani.
Pour l'instant, l'armée et les équipes de secours peinent à atteindre toutes les régions méridionales dévastées par Sidr, qui a rayé de la carte des centaines de villages.
Et des survivants désespérées ont expliqué qu'ils allaient certainement mourir si on ne leur apportait pas au plus vite eau et nourriture. « J'ai perdu six membres de ma famille dans le cyclone. J'ai peur que les trois que nous sommes à avoir survécu meurent de faim. Nous n'avons ni bu ni mangé depuis plusieurs jours », se désole Sattar Gazi, un fermier du village de Nishanbari. Et « nous n'avons même pas de vêtements pour envelopper les cadavres pour les enterrer. Nous le faisons avec des feuilles », témoigne-t-il.
« Il n'y a ni eau, ni nourriture. On ne peut plus vivre dans ce village. Les corps flottent dans les rivières et jonchent les rizières », complète Abdul Zabbar, un instituteur. « Aucun sauveteur n'est arrivé jusqu'à nous », dénonce-t-il.
Afin de leur porter secours, la marine a envoyé des tonnes de vivres et de médicaments et l'armée a dépêché ses hélicoptères. L'UE, l'Allemagne, la Suisse et l'Espagne ont débloqué au total près de trois millions d'euros. Les Etats-Unis ont proposé leur assistance.
Mais « des millions de gens sont sans abris et moins de 1% de cette population a été secourue », a évalué Hariprasad Pal, administrateur du district de Jhalokati, l'un des plus meurtris avec celui de Barguna, à une centaine de km au sud de Dacca.
« Je n'avais jamais vu une telle catastrophe en vingt ans de carrière. Chaque village, l'un après l'autre, a été rasé », a témoigné M. Pal, qualifiant Sidr de « grande tragédie humaine », quand des survivants parlent du cyclone du « Jugement dernier ».

1,5 million de personnes évacuées

Il s’agit de la pire tempête des dernières années ayant frappé ce pays déshérité. Sidr, formant une impressionnante masse blanche de 500 km de diamètre, a frappé avec des vents de 240 km/h le sud côtier bangladais, près de l'Etat indien du Bengale occidental, qui a été épargné. Mais au Bangladesh, Sidr n'a semé que mort et désolation, balayant des dizaines de milliers de maisons en pisé, bambou ou paille.
En 1970, un ouragan avait fait un demi-million de morts, et en 1991, un terrible raz-de-marée cylonique avait tué 138 000 personnes.
Pour éviter un bilan aussi monstrueux, les autorités avaient fait évacuer 1,5 million de personnes, lesquelles s'étaient réfugiées dans des bâtiments en dur et dans des abris anticycloniques construits sur la côte.
« Sinon, des dizaines de milliers de gens auraient été tués », a estimé un sous-préfet, K.M. Rahatul Islamadded Islam.
Même si le bilan humain sera bien moins élevé qu'en 1970 et en 1991, le gouvernement craint aussi d' « énormes dégâts » économiques dans ce pays musulman laïc de 144 millions d'habitants, dont 40% vivent avec moins d'un dollar par jour, ce qui en fait l'un des plus pauvres au monde.
Sidr a provoqué par ailleurs un désastre écologique. Il a ravagé la plus grande mangrove du monde, les Sunderbans, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité et réserve exceptionnelle de milliers d'espèces d'animaux rares.

Francebourse.com, avec AFP