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Carrefour accueille Bernard Arnault comme actionnaire …

Article du 09/03/2007
L’actualité est chargée pour le géant français de la distribution. Mercredi, on apprenait le départ de Luc Vandevelde de la présidence du conseil de surveillance de Carrefour.
Luc Vandevelde, l’ancien directeur de Marks & Spencer, doit être remplacé par Robert Halley, un personnage lié par l’histoire au groupe Carrefour. Son frère, Paul-Louis Halley, est le fondateur de Promodès qui avait fusionné avec Carrefour en 1999. Et la famille Halley est le premier actionnaire du groupe puisqu’elle possède 13 % du capital et 20 % des droits de vote.
Le conseil de surveillance, « à l’unanimité, confirme sa confiance dans le directoire et son président, José Luis Duran, pour poursuivre la stratégie engagée depuis deux ans », précise le distributeur dans un bref communiqué.
Le poste de Luc Vandevelde était sur la sellette depuis quelques semaines. Bien qu’appelé par la famille Halley en 2005, après le départ de Daniel Bernard, la belle entente entre Luc Vandevelde et les Halley a volé en éclats mi-février. Les seconds auraient soupçonné le premier d’envisager des schémas pour Carrefour avec des partenaires financiers.
Et on a assisté jeudi à la refonte de lastructure financière chez Carrefour. Le groupe a accueilli deux nouvelles entités dans son capital. Bernard Arnault, le PDG de LVMH, associé au fonds américain Colony Capital.
Les analystes s’attendaient à une refonte de l’actionnariat compte tenu de la dispersion du capital de Carrefour. En revanche, c’est une réelle surprise que cette entrée dans le capital du groupe de distribution d’un groupe de luxe. Plus exactement, pour l'occasion, Groupe Arnault, le holding familial de l’homme le plus riche de France, a fait cause commune avec le fonds Colony Capital pour créer Blue Capital.
Blue Capital, appuyé par Axon Capital, aurait mis sur la table quelque 3,5 milliards euros afin d’acquérir 9,8 % du capital de Carrefour (environ 64 millions d’actions).
Mais pourquoi ce choix ? « Il s’agit d’un investissement stratégique et industriel qui s’inscrit dans la durée », assurent les deux investisseurs sans pour autant dévoiler plus de détails. Et les analystes s’entendent pour dire que Carrefour pêche par sa valorisation boursière. Et doper le titre était l’une des missions de Luc Vandevelde avant son départ.
« La famille Halley, avec laquelle aucun accord n’a été passé, a été prévenue après l’achat des actions sur le marché », ont précisé Bernard Arnault et Colony Capital. Aucun pacte d’actionnaires n'aurait été conclu. Et légalement Blue Capital n’est pas tenu de dévoiler ses intentions.
Jeudi,Carrefour s’abstient de tous commentaires sur ce changement radical de son actionnariat. Jeudi matin, lors du point presse pour la publication des résultats annuels du groupe, José Luis Duran, a déclaré : « Si j’interprète les propos de Colony Capital et Arnault, j’ai plutôt l’impression que leur investissement est plutôt long terme et stratégique. J’interprète cela comme une acceptation du plan opérationnel et il n’y a pas de raison majeure pour un changement au niveau d’un plan défini depuis deux ans ».

… le jour de la publication de ses résultats annuels

Un des atouts du numéro deux mondial de la distribution qui a sans doute intéressé Bernard Arnault, c’est le patrimoine immobilier de Carrefour, qui possède un parc de plus de 8 000 magasins répartis dans une trentaine de pays, dont un millier d’hypermarchés (enseigne Carrefour) dans le monde et 2 400 supermarchés (enseigne Champion en France). Avec des positions qui font rêver les pontes de la distribution en général : Carrefour possède 90 hypermarchés en Chine, nouveau temple de la consommation, par exemple. Le groupe Carrefour possède « 15 millions de mètres carrés de surfaces de vente dont 6 millions en pleine propriété, dont 8 0% dans les pays européens. La valeur de marché de ces 6 millions, nous l’estimons dans la fourchette de valorisation située entre 15 et 20 milliards d’euros », a précisé José Luis Duran.
Interrogé sur le devenir de l’immobilier du groupe, le grand patron de Carrefour a estimé que ce patrimoine donnait « un avantage compétitif » à celui qui en gérait le contrôle. « L’immobilier peut devenir un vecteur de l’accélération de la création de valeur pour l’ensemble des actionnaires si la stratégie opérationnelle est pertinente et positive », a-t-il poursuivi.
Il va sans dire que les nouveaux actionnaires entendent se servir des atouts de Carrefour et valoriser au mieux les actifs du groupe. La présence de Colony, spécialiste reconnu des valorisations immobilières et qui a impulsé une vraie révolution stratégique chez Accor, plaide pour une restructuration du patrimoine de Carrefour. Colony Capital avait investi un milliard d’euros dans Accor sous forme d’obligations convertibles en actions et d’obligations remboursables en actions et a contribué au doublement de la valeur de l’action du groupe hôtelier.
Dans leur communiqué commun, Bernard Arnault et Colony Capital précisent que « Carrefour, leader mondial dans son secteur, possède un fort potentiel de croissance. Dans cette perspective, les deux investisseurs entendent travailler en collaboration avec le groupe familial Halley et le management ».
Autre annonce importante pour Carrefour : la publication des résultats annuels du groupe de distribution. Le chiffre d’affaires 2006 s’inscrit en hausse de 6,6 % à 77,9 milliards d’euros. Le résultat opérationnel avant amortissements et provisions augmente de 5,7 % à 4,845 milliards d’euros. En France, le résultat d’ exploitation est en amélioration de 0,3% à 1,718 millions d’euros.
Carrefour enregistre une hausse de 58 % de son bénéfice net 2006 à 2,268 milliards d’euros. Le résultat net part du groupe des activités poursuivies progresse de 3,3 % à 1,857 milliard d’euros.
Le Directoire a proposé un dividende de 1,03 euro par action, soit une croissance de 3 % par rapport au montant versé au titre de l’exercice 2005, à partir du 4 mai 2007.
En 2007-2008, Carrefour compte s'appuyer sur trois leviers de croissance : la convergence des enseignes et le renforcement de la marque Carrefour, l’évolution du modèle commercial alimentaire et non alimentaire et l’accélération du développement sur les marchés de croissance.
Le groupe prévoit une croissance du chiffre d’affaires à changes constants supérieure ou égale en 2007 à celle de 2006. En 2007, la croissance du résultat opérationnel (avant éléments non courants) sera, d’après Carrefour, inférieure à celle des ventes, conséquence directe de la détermination du groupe à consolider son leadership par des prix bas et de la poursuite de son programme d’expansion. Pour 2008, Carrefour maintient une ambition de progression du chiffre d'affaires de l’ordre de 10 %, précise la direction du groupe.
José Luis Duran a indiqué que « le scénario était plutôt positif à l’international avec une très bonne tendance en Asie et en Amérique. En France, a-t-il poursuivi, l’environnement reste difficile en raison de l’évolution à la baisse des prix ». Enfin, José Luis Duran a indiqué que Carrefour pourrait ouvrir ses premiers magasins en Russie à partir du premier semestre 2008. Concernant l’Inde, il a déclaré : « Nous gérons une short list de partenaires potentiels de Carrefour. Nous avançons avec détermination mais sans précipitation et nous devrions trouver un accord de partenariat dans les mois qui viennent ».

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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