Grève contre la réforme des régimes spéciaux : jeudi noir en perspective
Article du 16/10/2007
Un jeudi noir est en vue dans les transports, avec une grève qui s'annonce massive à la SNCF et à la RATP, ainsi que dans l'énergie, pour protester contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, première épreuve de force du président Sarkozy en matière sociale.
Les prévisions de la SNCF sont attendues mardi après-midi, mais sa présidente, Anne-Marie Idrac, a déjà prévenu que la grève sera "très suivie".
Pour la première fois depuis 1995, les huit syndicats de l'entreprise publique appellent en effet ensemble à la grève, pour défendre leurs régimes spéciaux, mais aussi l'emploi et le fret.
La RATP - où les huit syndicats appellent aussi à la grève - prévoit un trafic "très fortement perturbé".
Les cinq fédérations de l'Energie ont le même mot d'ordre, sans conséquence toutefois pour les particuliers.
Une soixantaine de manifestations régionales sont programmées dans le pays et le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, participera au défilé intersyndical parisien pour "contraindre le gouvernement à s'asseoir de nouveau à la table de négociations".
Les appels à la mobilisation débordent les secteurs concernés par les régimes spéciaux, dont les 500.000 salariés passeront progressivement d'ici 2012 à 40 ans de cotisation, contre 37,5 ans aujourd'hui.
Des perturbations sont ainsi à prévoir dans les transports de 27 villes, dont Lyon, Toulouse, Montpellier ou Nancy.
La CGT Transports a annoncé des "recours éventuels à la grève" dans le privé, comme Air France et Aéroports de Paris, et la centrale de Bernard Thibault prévoit une centaine d'arrêts de travail dans la métallurgie.
La journée d'action cristallise en effet les mécontentements, comme à l'ANPE, La Poste, ou dans la Fonction publique, où la CGT et Solidaires appellent à la grève contre "la casse du service public".
Dans l'éducation, où des appels locaux à la grève ont été lancés par la FSU, peu d'écoles primaires devraient être fermées mais des enseignants de collèges et lycées pourraient être absents dans six académies, dont Paris.
L'après 18 octobre est déjà dans les têtes: tous les syndicats de fonctionnaires ont rendez-vous lundi pour décider d'une éventuelle action "à la mi-novembre".
Le même jour, six fédérations de cheminots, dont la CGT, se réunissent également pour décider d'une nouvelle grève, éventuellement reconductible, "si aucune réponse satisfaisante n'était apportée" à la mobilisation de jeudi.
Sud Rail, FO et la FGAAC (conducteurs) ont déjà opté pour une grève reconductible et certains syndicats CGT-cheminots, débordant leur fédération, ont fait de même à Lyon, Marseille et Paris-Nord.
Le gouvernement, lui, attend ces grèves avec "sérénité, écoute et détermination", a assuré mardi son porte-parole. "On ne peut pas se passer de la réforme", martèle le ministre du Travail, Xavier Bertrand.
Nicolas Sarkozy, qui avait jugé "indigne" en septembre la situation des régimes spéciaux, se défend de vouloir "monter la société française" contre leurs bénéficaires. "Il s'agit simplement, au nom de l'équité, d'amener tout le monde dans les mêmes conditions", explique-t-il.
Il a rappelé mardi, à l'occasion d'un déplacement à Bordeaux, sa volonté de mener à bien ses réformes, à deux jours de la journée de grève organisée jeudi par les syndicats contre la réforme des régimes spéciaux de retraite. "Il y a des réformes dont chacun sait qu'elles doivent être mises en oeuvre et qui ne l'ont pas été. Eh bien, nous allons le faire tranquillement mais fortement", a déclaré M. Sarkozy lors d'une allocution prononcée à la mairie de Bordeaux, où il a été accueilli par le maire Alain Juppé.